La
COP25 doit se tenir dans quelques jours à Madrid, enjoignant les Etats
participants à adopter des engagements plus contraignants pour le climat. Car
malgré les rapports alarmants sur l’état de la planète, rares sont encore les
pays à faire de l’environnement leur priorité.
https://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-environnement/environnement-quels-sont-les-pays-qui-en-font-le-plus-et-le-moins-1150841
Dans
quelques jours, les représentants de quelque 200 pays ont rendez-vous à Madrid
pour la COP25, la réunion annuelle de l’ONU sur la lutte contre le dérèglement
climatique. Avec le slogan « Time for action », des engagements plus
contraignants et ambitieux y sont attendus. Car malgré les constats alarmants
établis par le GIEC sur l’état de la planète, les Etats ne s’engagent pas tous
au même niveau pour le climat.
Quels
sont les bons et les mauvais élèves ? Le classement est délicat à établir. Si
des organisations, comme le « Global Carbon project », calculent les émissions
carbone émises par chaque pays, ce chiffre ne tient pas compte des promesses et
des efforts consentis par chacun pour accélérer la transition énergétique.
De
plus, l’engagement environnemental d’un pays ne se joue pas seulement sur son
bilan carbone, mais également sur sa politique en matière de biodiversité,
d’agriculture, de qualité de l’air ou encore de gestion des déchets.
Pour
y voir plus clair, les chercheurs des universités américaines de Yale et de
Columbia ont établi un indice de performance environnementale (EPI), prenant en
compte 24 indicateurs de performance environnementale. Le « Climate Change
Performance Index » et le « Climate Action Tracker » classent également les
pays en fonction de leurs performances.
Ces
rapports, couplés aux dernières actualités sur le front du climat, permettent
de lister les pays s’étant le plus démarqués - en bien comme en mal - en
matière d’environnement.
Les
mauvais élèves
·
L’Arabie Saoudite
«
Peu performante dans toutes les catégories », l’Arabie Saoudite demeure tout en
bas du classement du « Climate Change Performance Index » (CCPI). Premier
exportateur mondial de pétrole, le pays du Golfe a malgré tout fait ses
premiers pas dans l’énergie solaire, tirant parti de ses vastes étendues
désertiques.
D’ici
2020, le Programme national d’énergie renouvelable (NREP) prévoit de mettre en
service 3,45 gigawatts d’énergie verte, pour parvenir à 9,5 GW de solaire et
d’éolien dès 2023. Le pays a également décidé de miser sur le nucléaire, avec
un plan de 100 milliards de dollars pour construire 16 réacteurs d’ici à 2030.
·
L’Australie
L’Australie
reste un des pires émetteurs de carbone par habitant au monde et répugne à
freiner sa puissante et lucrative industrie minière. Le pays est pourtant
depuis longtemps victime du fameux « trou » dans la couche d’ozone et souffre
de canicules extrêmes, d’incendies, de ravages sur la Grande barrière de corail
et de menaces majeures sur sa faune.
Après
avoir fait retirer la taxe carbone en 2013, l’île-continent s’est finalement
décidée à rattraper son retard en annonçant une réduction de ses émissions de
carbone de 26 % d’ici 2030. Ce qui ne l’a pas empêché de donner récemment son
feu vert à un vaste projet controversé de mine de charbon.
·
La Chine
Malgré
ses énormes investissements dans les énergies propres, la Chine reste très
dépendante du charbon. Le pays, premier pollueur mondial, a vu ses émissions de
gaz à effet de serre augmenter de plus de 50 % en une seule décennie.
Le
pays compte plus d’énergie éolienne et solaire que quiconque, mais reste
également le plus grand constructeur mondial de nouvelles centrales au charbon.
Dans le cadre de l’accord de Paris, Pékin a promis qu’il atteindrait son pic
d’émissions de gaz à effet de serre en 2030.
Les
Etats-Unis
Par
où commencer ? Sans doute par le retrait officiel de l’accord de Paris sur le
climat, notifié en novembre dernier à l’ONU, après avoir été décidé en 2017 par
Donald Trump. Le président américain s’est appliqué à déconstruire le bilan de
son prédécesseur Barack Obama, avec la volonté affichée de donner un coup de
pouce aux énergies fossiles.
Deuxième
pollueur au niveau mondial, les Etats-Unis ont vu leurs émissions de CO2
repartir en flèche en 2018, avec la plus forte augmentation observée depuis
2010. Les carburants consommés par le secteur des transports routiers et
aériens restent pour la troisième année consécutive la première source de rejet
de CO2.
Le
charbon perd de la vitesse dans le pays, mais est trop souvent remplacé par le
gaz naturel, et non par les énergies renouvelables, qui ne représentent que 15
% du mix énergétique. Des signaux positifs sont toutefois à noter sur le plan
des villes et des Etats américains, nombreux à réclamer des mesures ambitieuses
en faveur du climat.
·La
Russie
Dans
la glaciale Russie, le réchauffement climatique est vu d’un bon oeil. La fonte
de la banquise ouvre l’accès à l’arctique et à ses richesses pétrolières et
minières, une aubaine pour le pays, qui possède déjà les premières réserves de
gaz naturel du monde.
Quatrième
plus gros pollueur au monde, le pays s’appuie presque entièrement sur les
combustibles fossiles et reste au premier rang des exportateurs de gaz naturel.
« L’humanité peut retourner vivre dans des grottes » si elle compte se passer
de gaz, a récemment déclaré le président Vladimir Poutine. D’ailleurs, près de
40 % des Russes estiment que le réchauffement climatique est une invention.
La
Russie a néanmoins adhéré définitivement à l’accord de Paris sur le climat en
septembre dernier. Le pays a récemment constaté que la fonte du pergélisol
menaçait ses infrastructures pétrolières.
Les
bons élèves
·
La Suède
Citée
en tête du classement du « Climate change performance index » et de l’EPI, à
l’instar de plusieurs pays nordiques, la Suède est engagée de longue date dans
le développement durable. Le pays, qui s’est donné comme objectif de vivre sans
énergie fossile d’ici à 2030, tire plus de la moitié de sa consommation
d’énergie de sources renouvelables, grâce à l’énergie hydraulique générée par
ses nombreux cours d’eau.
La
création d’une taxe carbone dès 1991 - arrivée à un niveau record de 120 euros
par tonne de CO2 contre 44 euros en France - lui a permis de tourner le dos au
fioul. Les Suédois se chauffent aujourd’hui principalement aux biocarburants.
En 25 ans, le pays a réduit d’un quart ses émissions de gaz à effet de serre,
sans pénaliser sa croissance. Pour ne rien gâcher, la qualité de l’air y est de
plus une des meilleures au monde.
·Le
Maroc
Le
Maroc est l’un des deux seuls pays, avec la Gambie, à avoir planifié de réduire
ses émissions de CO2 à un niveau compatible avec un réchauffement de 1,5 °C,
respectant ainsi l’accord de Paris sur le climat. Selon sa fiche de route
énergétique, le pays souhaite considérablement augmenter la part des énergies
renouvelables, en la passant à 42 % en 2020, puis 52 % en 2030.
Le
pays, classé à la seconde place du « Climate Change Performance Index » (CCPI),
a bâti quatre centrales solaires à Ouarzazate d’une capacité de 580 mégawatts,
soit le record mondial en la matière. Le royaume dispose également d’un
important parc éolien qui le classe parmi les plus gros producteurs d’énergie
éolienne d’Afrique.
·L’Inde
Troisième
pollueur de la planète, en termes d’émissions de CO2, l’Inde est pourtant
engagée dans un vaste effort de développement des énergies renouvelables.
Celles-ci devraient représenter 40 % de sa capacité de production d’électricité
d’ici 2030, contre 23 % aujourd’hui.
Encore
dépendante au charbon et en pleine explosion démographique, l’Inde ne fait
toutefois pas assez pour améliorer la qualité de l’air dans ses villes. Plus
d’un million de personnes meurent prématurément chaque année pour avoir respiré
ce mélange de particules fines et de fumées toxiques, en faisant le pays où la
pollution de l’air fait le plus de victimes.
·La
Grande Bretagne
Le
Royaume-Uni a réussi un tour de force : réduire ses émissions carbones par
habitant de 44 % entre 1990 et 2018, alors même que son économie progressait de
75 %. Après la mobilisation du mouvement Extinction Rebellion, le Parlement
britannique est devenu le premier à déclarer l’« urgence climatique » cette
année et Theresa May a annoncé qu’elle inscrira dans la loi un objectif de zéro
émission nette d’ici à 2050. L’ex Première ministre a également déclaré la
guerre à la pollution liée au plastique.
Historiquement
lié au charbon, avec une première centrale thermique ouverte il y a plus d’un
siècle, le Royaume-Uni a réussi à diviser par deux depuis 6 ans les émissions
polluantes de son secteur de production d’électricité, grâce au développement
des énergies renouvelables, ce qui lui a permis de se passer du charbon pendant
une semaine entière, en mai dernier.
·
La Nouvelle Zélande
Après
avoir renoncé l’an dernier à toute nouvelle exploration pétrolière ou gazière
offshore, le gouvernement a présenté en début d’année un projet de lutte contre
le changement climatique affichant un objectif de neutralité carbone pour 2050.
Toutefois,
le secteur agricole, l’une des plus grosses sources de revenus à l’exportation,
a obtenu d’importantes concessions. Le méthane biologique produit par le
bétail, qui représente un tiers environ des émissions de gaz à effet de serre
de la Nouvelle-Zélande, n’est pas concerné par cet objectif ambitieux.