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Environnement : quels sont les pays qui en font le plus (et le moins) ?

Nov 28, 2019, 11:49 AM

La COP25 doit se tenir dans quelques jours à Madrid, enjoignant les Etats participants à adopter des engagements plus contraignants pour le climat. Car malgré les rapports alarmants sur l’état de la planète, rares sont encore les pays à faire de l’environnement leur priorité.

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Dans quelques jours, les représentants de quelque 200 pays ont rendez-vous à Madrid pour la COP25, la réunion annuelle de l’ONU sur la lutte contre le dérèglement climatique. Avec le slogan « Time for action », des engagements plus contraignants et ambitieux y sont attendus. Car malgré les constats alarmants établis par le GIEC sur l’état de la planète, les Etats ne s’engagent pas tous au même niveau pour le climat.

Quels sont les bons et les mauvais élèves ? Le classement est délicat à établir. Si des organisations, comme le « Global Carbon project », calculent les émissions carbone émises par chaque pays, ce chiffre ne tient pas compte des promesses et des efforts consentis par chacun pour accélérer la transition énergétique.

De plus, l’engagement environnemental d’un pays ne se joue pas seulement sur son bilan carbone, mais également sur sa politique en matière de biodiversité, d’agriculture, de qualité de l’air ou encore de gestion des déchets.

Pour y voir plus clair, les chercheurs des universités américaines de Yale et de Columbia ont établi un indice de performance environnementale (EPI), prenant en compte 24 indicateurs de performance environnementale. Le « Climate Change Performance Index » et le « Climate Action Tracker » classent également les pays en fonction de leurs performances.

Ces rapports, couplés aux dernières actualités sur le front du climat, permettent de lister les pays s’étant le plus démarqués - en bien comme en mal - en matière d’environnement.

Les mauvais élèves

· L’Arabie Saoudite

« Peu performante dans toutes les catégories », l’Arabie Saoudite demeure tout en bas du classement du « Climate Change Performance Index » (CCPI). Premier exportateur mondial de pétrole, le pays du Golfe a malgré tout fait ses premiers pas dans l’énergie solaire, tirant parti de ses vastes étendues désertiques.

D’ici 2020, le Programme national d’énergie renouvelable (NREP) prévoit de mettre en service 3,45 gigawatts d’énergie verte, pour parvenir à 9,5 GW de solaire et d’éolien dès 2023. Le pays a également décidé de miser sur le nucléaire, avec un plan de 100 milliards de dollars pour construire 16 réacteurs d’ici à 2030.

· L’Australie

L’Australie reste un des pires émetteurs de carbone par habitant au monde et répugne à freiner sa puissante et lucrative industrie minière. Le pays est pourtant depuis longtemps victime du fameux « trou » dans la couche d’ozone et souffre de canicules extrêmes, d’incendies, de ravages sur la Grande barrière de corail et de menaces majeures sur sa faune.

Après avoir fait retirer la taxe carbone en 2013, l’île-continent s’est finalement décidée à rattraper son retard en annonçant une réduction de ses émissions de carbone de 26 % d’ici 2030. Ce qui ne l’a pas empêché de donner récemment son feu vert à un vaste projet controversé de mine de charbon.

· La Chine

Malgré ses énormes investissements dans les énergies propres, la Chine reste très dépendante du charbon. Le pays, premier pollueur mondial, a vu ses émissions de gaz à effet de serre augmenter de plus de 50 % en une seule décennie.

Le pays compte plus d’énergie éolienne et solaire que quiconque, mais reste également le plus grand constructeur mondial de nouvelles centrales au charbon. Dans le cadre de l’accord de Paris, Pékin a promis qu’il atteindrait son pic d’émissions de gaz à effet de serre en 2030.

Les Etats-Unis

Par où commencer ? Sans doute par le retrait officiel de l’accord de Paris sur le climat, notifié en novembre dernier à l’ONU, après avoir été décidé en 2017 par Donald Trump. Le président américain s’est appliqué à déconstruire le bilan de son prédécesseur Barack Obama, avec la volonté affichée de donner un coup de pouce aux énergies fossiles.

Deuxième pollueur au niveau mondial, les Etats-Unis ont vu leurs émissions de CO2 repartir en flèche en 2018, avec la plus forte augmentation observée depuis 2010. Les carburants consommés par le secteur des transports routiers et aériens restent pour la troisième année consécutive la première source de rejet de CO2.

Le charbon perd de la vitesse dans le pays, mais est trop souvent remplacé par le gaz naturel, et non par les énergies renouvelables, qui ne représentent que 15 % du mix énergétique. Des signaux positifs sont toutefois à noter sur le plan des villes et des Etats américains, nombreux à réclamer des mesures ambitieuses en faveur du climat.

·La Russie

Dans la glaciale Russie, le réchauffement climatique est vu d’un bon oeil. La fonte de la banquise ouvre l’accès à l’arctique et à ses richesses pétrolières et minières, une aubaine pour le pays, qui possède déjà les premières réserves de gaz naturel du monde.

Quatrième plus gros pollueur au monde, le pays s’appuie presque entièrement sur les combustibles fossiles et reste au premier rang des exportateurs de gaz naturel. « L’humanité peut retourner vivre dans des grottes » si elle compte se passer de gaz, a récemment déclaré le président Vladimir Poutine. D’ailleurs, près de 40 % des Russes estiment que le réchauffement climatique est une invention.

La Russie a néanmoins adhéré définitivement à l’accord de Paris sur le climat en septembre dernier. Le pays a récemment constaté que la fonte du pergélisol menaçait ses infrastructures pétrolières.

Les bons élèves

· La Suède

Citée en tête du classement du « Climate change performance index » et de l’EPI, à l’instar de plusieurs pays nordiques, la Suède est engagée de longue date dans le développement durable. Le pays, qui s’est donné comme objectif de vivre sans énergie fossile d’ici à 2030, tire plus de la moitié de sa consommation d’énergie de sources renouvelables, grâce à l’énergie hydraulique générée par ses nombreux cours d’eau.

La création d’une taxe carbone dès 1991 - arrivée à un niveau record de 120 euros par tonne de CO2 contre 44 euros en France - lui a permis de tourner le dos au fioul. Les Suédois se chauffent aujourd’hui principalement aux biocarburants. En 25 ans, le pays a réduit d’un quart ses émissions de gaz à effet de serre, sans pénaliser sa croissance. Pour ne rien gâcher, la qualité de l’air y est de plus une des meilleures au monde.

·Le Maroc

Le Maroc est l’un des deux seuls pays, avec la Gambie, à avoir planifié de réduire ses émissions de CO2 à un niveau compatible avec un réchauffement de 1,5 °C, respectant ainsi l’accord de Paris sur le climat. Selon sa fiche de route énergétique, le pays souhaite considérablement augmenter la part des énergies renouvelables, en la passant à 42 % en 2020, puis 52 % en 2030.

Le pays, classé à la seconde place du « Climate Change Performance Index » (CCPI), a bâti quatre centrales solaires à Ouarzazate d’une capacité de 580 mégawatts, soit le record mondial en la matière. Le royaume dispose également d’un important parc éolien qui le classe parmi les plus gros producteurs d’énergie éolienne d’Afrique.

·L’Inde

Troisième pollueur de la planète, en termes d’émissions de CO2, l’Inde est pourtant engagée dans un vaste effort de développement des énergies renouvelables. Celles-ci devraient représenter 40 % de sa capacité de production d’électricité d’ici 2030, contre 23 % aujourd’hui.

Encore dépendante au charbon et en pleine explosion démographique, l’Inde ne fait toutefois pas assez pour améliorer la qualité de l’air dans ses villes. Plus d’un million de personnes meurent prématurément chaque année pour avoir respiré ce mélange de particules fines et de fumées toxiques, en faisant le pays où la pollution de l’air fait le plus de victimes.

·La Grande Bretagne

Le Royaume-Uni a réussi un tour de force : réduire ses émissions carbones par habitant de 44 % entre 1990 et 2018, alors même que son économie progressait de 75 %. Après la mobilisation du mouvement Extinction Rebellion, le Parlement britannique est devenu le premier à déclarer l’« urgence climatique » cette année et Theresa May a annoncé qu’elle inscrira dans la loi un objectif de zéro émission nette d’ici à 2050. L’ex Première ministre a également déclaré la guerre à la pollution liée au plastique.

Historiquement lié au charbon, avec une première centrale thermique ouverte il y a plus d’un siècle, le Royaume-Uni a réussi à diviser par deux depuis 6 ans les émissions polluantes de son secteur de production d’électricité, grâce au développement des énergies renouvelables, ce qui lui a permis de se passer du charbon pendant une semaine entière, en mai dernier.

· La Nouvelle Zélande

Après avoir renoncé l’an dernier à toute nouvelle exploration pétrolière ou gazière offshore, le gouvernement a présenté en début d’année un projet de lutte contre le changement climatique affichant un objectif de neutralité carbone pour 2050.

Toutefois, le secteur agricole, l’une des plus grosses sources de revenus à l’exportation, a obtenu d’importantes concessions. Le méthane biologique produit par le bétail, qui représente un tiers environ des émissions de gaz à effet de serre de la Nouvelle-Zélande, n’est pas concerné par cet objectif ambitieux.