Tuesday 22nd October 2019 Issue
Ce
samedi, 19 octobre 2019, 287 représentants d’Organisations non
gouvernementales, venus de 36 pays, ont signé une résolution qu’ils comptent
soumettre à la commission africaine des Droits de l’Homme et des peuples. Tenu
à « PARADISE SUITES HOTEL – KOLOLI, GAMBIE, ce forum des ONG a dénoncé les
violations des droits de l’Homme en République de Guinée par le régime Alpha
Condé, en quête d’un troisième mandat, ce que la Constitution guinéenne lui
interdit.
En
attendant la 65ème session ordinaire de la commission des droits de l’Homme et
des peuples (qui se déroulera du 21 octobre au 10 novembre à Banjul), le forum
s’est penché sur le cas particulier de la Guinée où dix citoyens (au moins) ont
été tués, les leaders du FNDC arrêtés, emprisonnés et jugés pour avoir appelé à
des manifestations pour la défense de la constitution…
Ci-dessous,
Guineematin.com vous propose l’essentiel de cette résolution :
Rappelant
son mandat de protection et de promotion des droits de l’homme et des peuples
en vertu de la Charte Africaine des droits de l’Homme et des Peuples (la Charte
Africaine) ;
Réaffirmant
l’importance fondamentale du droit des peuples à participer librement à la
direction des affaires publiques de leurs pays et à choisir librement leurs
dirigeants, garanti par l’article 13 de la Charte Africaine et d’autres
instruments internationaux fondamentaux des droits de l’homme ;
Gardant
à l’esprit les objectifs et principes énoncés dans l’Acte Constitutif de
l’Union Africaine, en particulier, en ses articles 3 et 4 qui soulignent
l’importance de la bonne gouvernance, de la participation populaire, de l’Etat
de droit et des droits de l’homme ;
Se
référant aux Lignes directrices sur la liberté d’association et de réunion
pacifique en Afrique de mai 2017 de la CADHP ;
Se
référant encore aux Lignes directrices sur le maintien de l’ordre lors des
réunions en Afrique de mars 2017 de la CADHP ;
Préoccupée
par la situation actuelle en Guinée en matière de libertés démocratiques
notamment la liberté de manifestation et de réunion pacifique ;
Particulièrement
préoccupée par les évènements récents en République Guinée qui se sont soldés
par des atteintes à la vie, à l’intégrité physique des personnes, à des
arrestations, aux détentions arbitraires de manifestants pacifiques et la
séquestration à domicile de certains responsables de partis politiques de
l’opposition ;
Encore
préoccupée par la loi adoptée le 25 juin 2019 sur l’usage des armes par la
Gendarmerie Nationale avec toutes les conséquences susceptibles de d’en
découler notamment sur les droits et les libertés fondamentaux ;
Considérant
le défaut de suites judiciaires à la majorité des plaintes déposées devant les
juridictions nationales par les victimes et la société civile en rapport avec
les violations des droits de l’homme dans le pays ;
Considérant
que l’impunité traumatique en cours en République de Guinée depuis des
décennies et qui ne cesse de persister et de s’aggraver aujourd’hui et qui
prédispose au crime de demain ;
Davantage
préoccupée par l’irrespect du calendrier républicain avec le report constant
des échéances électorales essentiellement motivé par des calculs politiques ;
Considérant
l’imminence des échéances électorales présidentielles de 2020 en Guinée dans un
contexte d’accumulation des contentieux électoraux non épurés à l’image des
élections locales du 4 février 2018 ;
Préoccupée
par la récurrence des violences occasionnées par les velléités de modification
de la loi fondamentale aux fins de prolongation de mandats présidentiels ;
La
Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples en appelle au
gouvernement de la Guinée :
A
Mettre fin aux actes et faits de séquestration en cours en République de Guinée
;
A
libérer immédiatement les leaders politiques et de la société civile
arbitrairement arrêtées ;
A
restaurer l’espace civique pour une meilleure expression et manifestation des
droits et libertés ;
A
poursuivre les efforts judiciaires engagés pour assurer justice aux victimes
des violations des droits de l’homme afin de mettre fin à l’impunité ;
A
faciliter la mise en place d’un espace de dialogue suffisamment inclusif des
tendances politiques et à mettre pleinement en œuvre les accords qui en
découlent, pour un dénouement durable et apaisé des crises socio-politiques en
cours ;
A
s’abstenir de procéder à des révisions constitutionnelles visant le maintien au
pouvoir et compromettant l’alternance démocratique, seul gage d’une démocratie
apaisée et viable ;
A
respecter le calendrier républicain avec des règles consensuelles et
respectueuses des lois ;
A
tout mettre en œuvre pour éviter de développer des foyers de tensions entre les
communautés afin de mieux renforcer la cohésion sociale.