La famille de Mendy vit dans le Latrikunda Yiriganya, une zone située sur le cours d'eau Kotu. Ses champs étaient idéalement bien placés pour la culture du riz jusqu'à ce que de nouvelles structures apparaissent sur les rives opposées, poussant l'eau dans ses champs il y a quelques décennies.
Les activités anthropogéniques, telles que les travaux de construction pour les extensions résidentielles, s'étendent sur le cours d'eau et le rétrécissent considérablement, créant des obstacles le long du cours d'eau et redirigeant les mouvements de l'eau, augmentant ainsi le risque d'inondation. À certains endroits, les structures physiques ont repoussé les limites du cours d'eau, exposant les familles voisines au risque d'inondation fluviale.
« J'avais l'habitude de survivre grâce à ces rizières, mais elles sont maintenant inondées », a déclaré Mr Mendy en agitant son bras en demi-cercle, illustrant l'immensité des champs qui étaient autrefois leurs rizières, mais qui sont maintenant devenus des zones incultivables. «Toutes mes rizières ont été détruites à cause du blocage de l'eau de l'autre côté du cours d'eau. »
Ces difficultés, ainsi que d'autres auxquels Mr Mendy et des centaines de milliers d'autres personnes sont confrontés dans 11 communautés situées le long du cours d'eau de Kotu, font désormais l'objet d'interventions de la Banque Mondiale dans le cadre du Programme de Gestion des Zones Côtières de l'Afrique de l'Ouest (WACA). Ce projet est actuellement mis en œuvre dans neuf pays : la Gambie, le Bénin, la Côte d'Ivoire, le Ghana, la Guinée-Bissau, la Mauritanie, Sao Tomé-et-Principe, le Sénégal et le Togo.
En Gambie, le projet a été lancé en 2023 pour une durée de cinq ans. Il vise à soutenir la restauration et le reprofilage des 11,2 km du Kotu Stream. Selon le Ministère de l'Environnement, du Changement Climatique et des Ressources Naturelles (MECCNAR), ce projet devrait également renforcer les institutions et les stratégies afin de rehausser la qualité des services fournis et de renforcer la résilience des communautés affectées le long du cours d'eau.
« Le projet a un potentiel énorme - il vise à assurer la protection de 200 000 personnes vivant dans les communautés le long du cours d'eau de Kotu contre les risques d'inondation et de pollution. Il permettra de restaurer et de reprofiler complètement le cours d'eau de Kotu, de construire des ponts sur le cours d'eau pour en faciliter l'accès, de construire des systèmes de drainage pour réduire les inondations et de préserver et soutenir des moyens de subsistance des familles, et ce, en vue de permettre à celles-ci de vivre décemment. Ces objectifs seront atteints grâce à un mélange de solutions naturelles et d'innovations qui protègent l'intégrité écologique du cours d'eau », a déclaré Mr Muhammed Lamin Sanyang, coordinateur du projet WACA Gambie au sein du ministère.
Le projet WACA Gambie, en collaboration avec les partenaires de mise en œuvre, a lancé des travaux à court terme sur le cours d’eau de Kotu et les systèmes de drainage adjacents, dans le but de réduire le risque d'inondation et de pollution dans les communautés pendant la saison des pluies.
Au cours des deux derniers mois, les responsables du projet ont indiqué que plus d'un kilomètre d'égouts autour du marché aux poissons de Bakoteh ont été nettoyés en prévision de la saison des pluies.
« Au départ, je craignais que notre marché, en particulier les cantines situées à l'arrière, ne soit inondé », a déclaré Mme Sainabou Phall, directrice du marché aux poissons de Bakoteh. « Cependant, grâce aux gouttières récemment nettoyées, ces zones sont restées à l'abri des inondations. Cela a grandement amélioré l'accessibilité, permettant aux clients de faire aisément leurs courses et garantissant que les camions de livraison puissent atteindre le marché sans problème ».
Ces interventions ont eu lieu à la suite de consultations avec les chefs de communautés le long du cours d’eau de Kotu, y compris les conseillers de quartier et les partenaires de mise en œuvre du projet – le Conseil Municipal de Kanifing, le Conseil Régional de Brikama, l’Agence Nationale de l’Environnement, l’Agence Nationale de Gestion des Crises, et l’Administration Nationale des Routes.
Parmi les mesures prises, citons le nettoyage de l'ensemble du cours d'eau, l'élimination des décharges illégales, de la végétation et des herbes, et le dessalement de plusieurs zones du cours d'eau afin d'améliorer l'écoulement de l'eau. Les interventions comprennent également le nettoyage des principaux canaux reliés au cours d'eau - d'une longueur totale de plus de 3 km – en vue de faciliter l'écoulement des eaux pluviales et de réduire le risque d'inondation, ainsi que l'achat de pompes pour les eaux de crue.
Les responsables du projet ont confirmé la livraison par le projet WACA de 34 pompes à eau aux communautés à haut risque en juin de cette année, à l'Agence Nationale de Gestion des Crises (NDMA) et aux autorités locales de Kanifing et Brikama.
Selon la note d'orientation du projet, la principale zone d'intervention en Gambie est une zone terrestre de 1 881 hectares qui s'étend sur 11,2 kilomètres de la localité de Nema Kunku, dans la région de la côte ouest, à Kotu, sur l'océan Atlantique. Une population estimée à 201 044 personnes vivant le long du cours d'eau en 2020 devrait bénéficier de ses interventions.
« Le cours d'eau fait partie des principaux points chauds de l'agglomération de Banjul et, une fois restauré, il a le potentiel d'atténuer et de prévenir les inondations dans les communautés voisines et au-delà », indique le document.
S'il est mis en œuvre de manière efficace, la restauration du cours d'eau sera pleinement réalisée car le projet proposera des solutions hybrides, basées sur la nature, pour renforcer la résilience aux risques d'inondation, améliorer l'attractivité et l'accessibilité du cours d'eau de Kotu, améliorant ainsi l'habitabilité et l'environnement urbain, et protégeant la santé publique des communautés.
Les familles d'agriculteurs comme Peter Mendy verront alors leurs moyens de subsistance rétablis grâce au développement durable des communautés vivant le long du cours d'eau de Kotu, notamment grâce à des initiatives d'agriculture urbaine et à des initiatives de recyclage des déchets de petite taille commercialement durables et détenues par des femmes.