L’Assemblée Nationale a été la scène de débats houleux mardi lorsque les députés ont déposé une motion visant le prolongement du mandat de la Commission Parlementaire enquêtant sur la vente et la cession des propriétés liées à l’ancien président Yahya Jammeh. Bien que la motion visant à prolonger de 90 jours le mandat de la Commission Parlementaire ait été unanimement adoptée, des griefs concernant le manque de compensation financière pour les membres de l’Assemblée Nationale menant l’enquête sur des propriétés dont la valeur totale serait estimée à un milliard de dollars ont rapidement volé la vedette.
La session a débuté avec le dépôt d’une motion officielle invoquant l’Article 109.2 de la Constitution de 1997 et l’Article 95.5 des Décrets Généraux, demandant un prolongement du mandat de la Commission Parlementaire Spéciale. Mise en place le 14 Mai 2025, la Commission Parlementaire Spéciale avait pour mission de mener des investigations sur la cession des propriétés et entreprises saisies par la Commission Janneh et placées sous la tutelle de l’Etat. Le mandat initial de 120 jours devait arriver à expiration le 17 Septembre 2025.
Mais selon les membres de la commission, leur tâche est devenue excessivement pénible. Les membres de la commission ont cité la complexité des transactions financières présentement sous examen, l’émergence de nouveaux témoins, et la découverte de nouveaux éléments comme étant les raisons pour lesquelles un temps supplémentaire doit leur être accordé. La motion, par conséquent, demandait un prolongement de 90 jours qui permettrait à la Commission Parlementaire Spéciale de continuer à convoquer des témoins, de réclamer des documents officiels, et d’utiliser tous les pouvoirs à sa disposition afin de faire avancer l’enquête, et ce, jusqu’à la date butoir du 16 Décembre 2025.
Les partisans de la motion ont salué la diligence et le professionnalisme de la Commission Parlementaire Spéciale. « Ils réalisent un travail remarquable. Tous les observateurs tant nationaux qu’internationaux sont profondément impressionnés par le travail exceptionnel accompli jusque-là, » a déclaré l’Honorable Lamin Ceesay, député de la circonscription de Kiang West, qui a apporté son soutien à la motion. Mais malgré son appui à la motion, il n’a pas manqué de lancer un avertissement brutal concernant le sujet des indemnités.
Le député a raisonné qu’il n’était nullement raisonnable de s’attendre à ce que la Commission Parlementaire Spéciale puisse mener une enquête aussi exhaustive et nécessitant tant d’énergie et d’abnégation sans aucune forme d’indemnisation. Il a rappelé à la mémoire collective que des membres d’une commission précédente avaient chacun été rémunérés de la somme de 300.000 dalasis lors d’une période de prolongement de trois mois, et cela contraste largement avec le silence autour du sujet de l’indemnisation des membres de la commission présente.
« Nous menons des investigations sur des biens dont la valeur nette pourrait atteindre environ deux milliards de dollars. Les membres de la Commission Parlementaire Spéciale sont responsables de la gestion quotidienne de centaines de millions, et cependant leur protection, indépendance et indemnisation n’est nullement prise en compte. Cela ne répond absolument à aucune règle de bienséance, » a-t-il déclaré à l’auguste Assemblée.
Un membre a rappelé à l’attention de l’Auguste Assemblée que bien que le Parlement entreprend la noble tâche de situer les responsabilités dans l’acquisition frauduleuse de biens pendant la période de règne de l’ancien président Jammeh, cette auguste Assemblée se doit tout d’abord de faire le ménage dans sa propre maison.