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Les Gambiens donnent leurs impressions sur la vie après la Tabaski

Jun 11, 2025, 12:16 PM

L'Aïd-ul Adha - la Fête du Sacrifice - est l'une des fêtes les plus importantes du calendrier musulman. Elle commémore la volonté du prophète Ibrahim de sacrifier son fils en signe d'obéissance à Dieu.

En Gambie, la tradition de l'abattage des béliers est à la fois religieuse et culturelle. Pourtant, pour de nombreuses familles, il est de plus en plus difficile d'accomplir ce rite.

Cependant, à la fin de l'Aïdul Adha, également connu sous le nom de Tabaski, il ne fait aucun doute que certaines familles seront face à de pénibles difficultés après avoir dépensé tous leurs revenus pour célébrer la fête.

Le quotidien hebdomadaire The Point examine de plus près la situation des individus et des familles au lendemain de la Tabaski, et s'intéresse aux sentiments et impressions des croyants musulmans concernant les effets de la fête, et ce, après avoir dépensé la quasi-totalité de leurs revenus pour la célébrer.

Mme Fatou Darboe, vendeuse au Marché Central de Brikama, a fait remarquer que l'Aïd de cette année a été difficile et que tous les bénéfices qu'elle a réalisés ont été consacrés à la fête.

« Je n'ai rien sur mon compte à l'heure où je vous parle. J'ai contracté un prêt de 20.000 dalasis et j'ai dépensé tout cet argent. Je me demande encore comment je vais survivre jusqu'à la fin de l'année, sachant que je devrai rembourser cet argent très bientôt ».

Fatou souligne également que les parents n'ont littéralement pas le choix, surtout lorsque les enfants insistent pour obtenir de nouveaux vêtements. « Personnellement, l’acquisition de nouveaux vêtements n’aurait aucune importance, mais les enfants ne le comprendraient pas, surtout quand leurs camarades portent de nouvelles tenues. J'ai sept enfants pour lesquels j'ai acheté des vêtements, sans parler des frais de couture qui ne sont jamais bon marché. »

Pour Mme Fatoumatta Fatty, cela ne vaut nullement la peine de se mettre la pression pour fêter la Tabaski. Selon elle, certaines personnes, notamment celles de la gente féminine, passeraient leurs temps sur les médias sociaux à rivaliser inutilement les unes contre les autres, et ce, juste pour se montrer.

« Les médias sociaux peuvent être trompeurs - la plupart des habitués de ces plateformes ne montrent que ce qu'ils veulent que les autres voient, donc vous ne verrez pas la lutte dans les coulisses. »

Elle a exhorté les croyants, notamment les femmes, à éviter de contracter des emprunts et à se contenter des revenus qu'elles ont sans se mettre, elles et leurs époux, dans une situation stressante au nom de la fête. « Il n'est pas utile de s'endetter juste pour sauver les apparences. Après l'Aïd, le fardeau du remboursement du prêt peut s'avérer très difficile à porter ».

Mr Modou Lamin Sanneh, un chef de famille, a parlé de la nécessité de planifier la préparation et l'après-Tobaski afin d'éviter les difficultés financières. « Ce n'est pas aisé pour un chef de famille à l'approche de l'Aïd. Cependant, planifier aide beaucoup en sachant qu'après la Tabaski, les dépenses quotidiennes continuent », a-t-il souligné.

Mr Adama Sanneh, un tailleur, a toutefois défendu l'augmentation des prix de la couture en déclarant : « Notre charge de travail double pendant la saison de l'Aïd. Nous n'essayons pas d'escroquer qui que ce soit. Nous travaillons 24 heures sur 24 et si nous ne facturons pas un peu plus, nous ne pourrons pas maintenir la qualité ou respecter les délais. »

Un autre tailleur local s'est fait l'écho d'un sentiment similaire.

Mr Kawsu M. Drammeh souligne qu'il n'est pas obligatoire de dépenser toutes ses ressources financières pendant l'Aïd, surtout lorsqu’elles sont limitées. « La célébration de l'Aïd ne doit pas être un fardeau pour les musulmans et il faut fêter selon les moyens financiers à notre disposition. Si un individu ne dispose nullement des moyens financiers requis pour s'offrir le sacrifice, il ne doit pas s’y contraindre car ce n'est pas obligatoire », a-t-il souligné.