L’ancien Chef d’Etat-Major des Forces Armées Gambiennes le Lieutenant-General à la retraite Lang Tombong Tamba, a révélé hier au cours de son témoignage devant la Commission Vérité, Réconciliation et Réparations (TRRC) qu’il a accepté de laisser les auteurs du coup d’état d’entrer au Palais Présidentiel parce qu’il ne disposait ni des hommes, ni de l’armement nécessaire pour leur opposer une resistance.
Avant de commencer son témoignage, le General à la retraite a rassuré les commissaires qu’il ne dirait que la vérité et rien que la vérité.
Natif de Foni Sentit, Tamba a déclaré lors de son témoignage que le tribalisme n’existait pas dans l’armée, contrairement aux déclarations d’autres témoins.
Témoignant sur la dissolution de la gendarmerie par l’armée nigériane, le témoin a déclaré cela impossible car le rôle des Nigérians était seulement l’entrainement et la formation des troupes. Ils n’avaient aucune autorité pour formuler des stratégies et prendre des décisions. Il a ajouté que la gendarmerie, à cette époque, s’estimait supérieure à la police et à l’armée et cela avait créé des malentendus et incompréhensions.
‘’ Des armes avaient été retirées de la gendarmerie et redistribuées à l’armée. Cela avait évidemment crée des mécontentements.’’
Sur le coup d’état du 22 Juillet 1994, le témoin a déclaré que l’ancien Président Sir Dawda avait effectué un voyage au Royaume-Uni et au Maroc au début du mois de Juillet. Il a ajouté qu’il était le Commandant-En-Second du Palais Présidentiel et qu’il avait informé son Commandant, le Capitaine Lamin Kaba Bajo, de l’existence d’une rumeur faisant état de la préparation d’un coup d’état par certains soldats.
‘’ J’ai mis en place une équipe réserve tout en préparant deux équipes hautement préparées et qualifiées chargées de l’escorte et de la sécurité rapprochée du Président. Nous nous sommes ensuite rendus à l’aéroport pour accueillir Sir Dawda Jawara. Juste avant l’arrivée de Sir Dawda, j’ai aperçu Yahya Jammeh avec un revolver. Immédiatement, Il a été interrogé par les Nigérians. Il a répondu que sa présence à l’aéroport avait été autorisée. Il a été désarmé et ordonné de quitter l’aéroport mais il a refusé d’obéir. Le Président est arrivé mais la cérémonie de garde d’honneur n’a pas eu lieu. Nous avons immédiatement ramené le Président au Palais Présidentiel.’’
Continuant son récit, il a expliqué qu’il a passé la nuit avec les gardes au Palais Présidentiel juste pour veiller au grain. Le jour suivant, a-t-il ajouté, il s’apprêtait à aller prendre son bain lorsqu’il a été ordonné par le Capitaine Bajo de retourner au Palais Présidentiel car il avait été informé de l’imminence d’un coup d’état.
‘’ Je suis reparti au Palais Présidentiel. Le Capitaine Bajo a présenté et expliqué en détail le plan de défense du Palais Présidentiel. Un avertissement a été transmis au Président et Vice-Président. Le Président a été conseillé de se rendre à la résidence de l’Ambassadeur Américain, et ce, en vue de se mettre à l’abri. C’est plus tard que j’ai aperçu Sir Dawda dans le véhicule de l’Ambassadeur Américain. Le Capitaine Bajo s’est joint à eux et ils ont tous pris la route vers le port maritime afin d’embarquer sur le bateau américain. Apres leur arrivée au port de mer, le capitaine Bajo est revenu pour vérifier et analyser mes plans et est ensuite reparti sur le bateau américain.’’
Lorsque les auteurs du coup d’état se sont rapprochés du Palais Présidentiel, a-t-il expliqué, il a vu Edward Singhateh, armé d’un lance-roquettes, s’approcher du Palais Présidentiel et annoncer à très haute voix qu’il voulait parler aux autorites.
‘’ J’ai envoyé le Sergent Bakary Camara parler a Edward Singhateh en vue de réunir des informations sur leurs intentions. Edward lui a dit qu’il voulait parler à Sir Dawda. Je lui ai dit que le Président n’était pas au Palais Présidentiel en ce moment-là. A ma surprise, j’ai vu le Lt Binneh à la tête des forces ennemies.
Le témoin a rejeté les allégations insinuant que Jammeh l’avait appelé pour lui demander d’ouvrir les portes du Palais Présidentiel. Ce n’est pas la vérité, dit-il.
‘’ Lorsque j’ai vu les armes dont Edward et ses hommes disposaient, j’ai réalisé que nous ne pourrions pas leur opposer de résistance parce qu’ils étaient en possession de lance-roquettes, de mitrailleuses et d’autres types d’armes lourdes. Apres les discussions avec les autres officiers supérieurs qui étaient avec moi, la décision me revenait. Je me suis alors rendu compte que résister conduirait à la mort pour moi et mes hommes car ils étaient bien mieux armés. J’ai alors ordonné aux gardes d’ouvrir les portes et de les laisser entrer.