Il
y a quinze ans jour pour jour, le journaliste gambien Deyda Hydara était
assassiné par des inconnus au volant de sa voiture. Mais depuis la chute de
l’ancien président Yahya Jammeh, les langues ont commencé à se délier.
C’était
dans la soirée du 16 décembre 2004, dans le quartier de Kanifing, à Banjul.
Deyda Hydara raccompagnait deux collaboratrices chez elles, après une réception
d’anniversaire au siège de son journal. Soudain, une voiture sans plaque
d’immatriculation le dépasse. Plusieurs hommes déchargent alors leurs armes sur
lui, tuant sur le coup le journaliste le plus célèbre du pays, directeur du
journal The Point, correspondant de l’AFP et de Reporters sans frontières, et
ancien président du syndicat gambien des journalistes.
Très
vite, les soupçons se portent sur les Junglers, un groupe accomplissant les
basses besognes de Yahya Jammeh. Mais personne ne parle. Et les autorités en
profitent pour laisser planer le soupçon sur la vie privée de Deyda Hydara,
l’enquête officielle ne menant nulle part.
Mais
en juillet dernier, un Jungler, le lieutenant Malick Jatta, avoue publiquement
le crime, ainsi que d’autres exactions. Deux autres confirment ses dires et
expliquent avoir obéi aux ordres du président Jammeh.
Mais
voilà, deux semaines plus tard, les trois tueurs sont libérés sur ordre du
ministre de la Justice, Abubacarr Tambadou, afin, dit-il, de ne pas «
décourager » ceux qui voudraient encore dire la vérité. Toutefois, il a précisé
que cette remise en liberté ne constituait pas une amnistie. Et selon le fils
de Deyda Hydara, des poursuites pourraient être engagées après la fin des
travaux de la Commission.
Par
Léonard Vincent /Le 16-12-2019 / www.rfi.fr