Mr Essa Mbaye Faal, ancien conseiller juridique principal de la Commission Vérité, Réconciliation et Réparations et aujourd’hui candidat indépendant à l’élection présidentielle du 4 Décembre, a promis la mise en œuvre totale des recommandations de la Commission s’il remporte l’élection à venir.
Mr Faal, qui visitait le Centre des Victimes ce lundi, a déclaré: « Je suis venu m’entretenir avec les victimes des atrocités qui ont été commises dans ce pays. Ces victimes ont énormément souffert pendant le règne dictatorial de l’ancien Président Jammeh. La prison centrale de Mile II est le symbole des plus grandes atrocités commises contre le peuple de Gambie. Elle est dans un terrible état de dilapidation. L’incarcération d’un être humain dans un tel endroit, dans de telles conditions, est une grosse violation des droits de l’Homme. Contraindre un être humain à dormir dans des toilettes est une chose horrible. Et nous n’avons même pas encore commencé à parler de toutes les choses terribles qui se sont déroulées dans ce pays. »
« Un nombre important de nos jeunes gens qui errent en ville sont devenus impotents. La castration était un moyen de torture et de punition. Je ne voudrais pas invoquer le nombre de personnes qui ont été victimes d’actes de torture car je ne veux aucunement que des personnes de la même communauté se regardent avec méfiance et pointent un doigt accusateur les uns envers les autres. Cela serait une source de honte, d’embarras et de malaise dans la communauté. »
Mr Faal a insisté que la responsabilité incombe à chaque Gambien de faire tout son possible afin que justice soit rendue aux victimes.
« Si nous ne le faisons pas, nous aurons alors manqué à nos devoirs et responsabilités envers les victimes. Toute personne qui œuvre pour la perpétuation ou la consolidation du cycle de l’impunité commet un acte de trahison contre les aspirations du peuple de la Gambie » a-t-il affirmé.
« J’ai pris l’engagement personnel de veiller à ce que les préoccupations des victimes des 22 ans de règne dictatorial de l’ancien Président soient au cœur de ma campagne présidentielle. Cela est l’une des raisons principales de ma candidature à la Présidence car je suis absolument convaincu que le rapport de la Commission Vérité, Réconciliation et Réparations ne sera jamais révélé au grand jour » a-t-il noté avant de poursuivre: « Le gouvernement nous a démontré cela en formant une alliance avec le parti politique responsable des atrocités commises. »
« Nous disons non à l’impunité et à l’injustice. Nous disons non à la réconciliation sans justice. Les coupables doivent être traduits en justice. Je demande aux victimes de s’armer de courage. Je peux vous assurer que les coupables seront traduits devant la justice ici en Gambie ou ailleurs si je suis élu à la tête du gouvernement. Si nous ignorons la vérité et nous refusons de traduire les coupables en justice, ils seront alors poursuivis en justice devant les tribunaux internationaux car la notion de cache-cache n’existe pas dans les juridictions internationales. »
« Si le gouvernement actuel manque à son devoir envers les victimes, le peuple de Gambie se verra alors dans l’obligation de mettre le gouvernement devant ses responsabilités car ils ont clairement démontré qu’ils n’ont aucunement l’intention de mettre en œuvre les recommandations de la Commission Vérité, Réconciliation et Réparations. Ils n’ont également aucune intention de traduire l’ancien Président Jammeh en justice. »
Le peuple de Gambie, a-t-il déclaré, aspire à la paix. Il a cependant été prompt à reconnaitre que la paix et la réconciliation sont impossibles sans la justice.
Sheriff Kijera, le président du Centre des Victimes de crimes contre les droits de l’Homme, a adressé ses remerciements à l’ancien conseiller juridique principal de la Commission Vérité, Réconciliation et Réparations pour la visite rendue au centre des victimes. Il a en effet déclaré: « Nous découvrons chaque jour la vérité sur les grosses violations contre les droits de l’Homme commises pendant le règne de l’ancien Président Jammeh grâce au travail formidable entrepris par l’ancien conseiller juridique principal de la Commission Vérité, Réconciliation et Réparations. »
Kijera a également ajouté: Nous avions tous estimé que ces actes graves n’avaient pas été commis par des Gambiens, mais plutôt par des ressortissants étrangers. Mais nous savons dorénavant, et ce, grâce au travail formidable de la Commission Vérité, Réconciliation et Réparations, que nos propres frères sont responsables des atrocités commises sous le règne de l’ancien Président. Nous voulons donc adresser nos remerciements à vous et à votre équipe juridique entière, notamment les commissaires, et vous transmettre également la fierté et la reconnaissance des victimes.