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Manque de données concernant des appareils, avions immobilisés ; le ministre Keita fait face à un déluge de questions

Nov 25, 2025, 1:11 PM

Mr Seedy Keita, le ministre de l’économie et des finances, est apparu le jeudi dernier devant la Commission Parlementaire Spéciale enquêtant sur la vente et la cession des biens de l’ancien Président Jammeh identifiés par la Commission Janneh. Au cours de son apparition, le ministre a dû faire face à un déluge de questions concernant le manque chronique de données, des ventes inexpliquées, et des avions immobilisés depuis des années en Gambie et en Europe, certains d’entre eux impayés, d’autres cloués au sol, et un avion abandonné à l’étranger depuis environ une décennie.
 Le conseiller juridique  de la Commission Parlementaire Spéciale lui a rappelé que la Commission Janneh avait identifié six avions au total ; les deux AT-802A1s vendus en 2018, le Challenger CL-601 avec numéro d’enregistrement C5-AFT, deux Boeings 727-100s, et un Ilyushin IL-628 avec numéro d’enregistrement C5-AFTG. La Commission Janneh a également découvert lors de la visite guidée de l’aéroport en 2017 qu’un sixième avion qui appartient soit à l’état, soit à l’ancien président, était en Europe pour des besoins de dépannage.
Le ministre a été interrogé sur l’état de l’appareil immobilisé en Allemagne. Le ministre n’a pu fournir de réponses à ce sujet, prétextant que cet appareil ne figurait nullement dans les registres du Ministère. « Les données concernant cet appareil sont surement aux mains de l’Aviation Civile, » a-t-il déclaré. 
 Sous l’insistance du conseiller juridique de la Commission parlementaire Spéciale, il a convenu de charger son équipe de mener des recherches plus profondes et de consulter l’aviation Civile pour une mise à jour de leurs données.
 Le conseiller juridique de la Commission parlementaire Spéciale a insisté que cet appareil est immobilisé à l’étranger depuis au moins 2017. « Nous sommes en 2025, cela fait huit longues années, » a soutenu le conseiller juridique de la commission, qui souhaitait savoir si l’appareil appartenait toujours à l’état, pourquoi est-il toujours en Europe, et s’il sera un jour ramené en Gambie.
Le ministre de l’économie et des finances a révélé qu’il avait été informé que l’appareil était toujours en Allemagne et que les frais de stationnement avaient abondamment cumulé. Il a promis à la Commission Parlementaire Spéciale que le ministère rédigera un rapport complet englobant toutes les données concernant l’appareil, y compris les frais de stationnement impayés.
 L’attention s’est ensuite tournée vers les trois autres appareils vendus en 2019. Le ministre a lu une correspondance révélant que le gouvernement avait accepté une offre de 500.000 dollars américains pour trois avions abandonnés : le Boeing 727-1H (C5-GOG), le Boeing 727-100 (C5-GAF) et l’Ilyushin IL-62 (C5-RTG).
 Il a déclaré que l’acheteur était la société ‘Sankulleh Holding Company Limited’, représentée par le cabinet d’avocat ‘Consular Law Chambers’. «  Les termes de l’achat imposaient un simple paiement en liquide et le déplacement des appareils du hangar de l’aéroport dans un délai de trois mois. »
 Mais lorsque le conseiller juridique de la commission a demandé au ministre si les appareils avaient effectivement été déplacés, le ministre a avoué qu’il n’en avait nullement été informé.  
Le conseiller juridique de la Commission Parlementaire Spéciale a alors informé le ministre que les investigations de la commission ont découvert que deux des appareils sont toujours immobilisés dans le hangar de l’aéroport, une violation évidente des termes de l’accord de vente.
 Le ministre a promis de découvrir pourquoi les termes de l’accord de vente n’avaient jamais été respectés.
 Le ministre a révélé l’existence du compte bancaire 1401000044, mais ce chiffre ne conformait absolument pas avec les numéros de comptes de recouvrement de biens de la Commission Janneh logés à la Banque Centrale de la Gambie. Le ministre a précisé que les appareils ont apparemment été répertoriés comme des actifs de l’état plutôt que des biens récupérés par la Commission Janneh, bien qu’il n’ait pu donner de raisons valables pouvant expliquer cette décision. Il a promis qu’il se mettrait immédiatement à la recherche de rapports ou de correspondances officielles permettant de clarifier la situation.
 Puis l’attention s’est tournée vers un avion de combat vendu en 2022, et ce, sous la supervision cette fois du ministre Keita. Il a reconnu avoir signé la lettre de validation. L’avion de combat a été vendu pour la somme de 150.000 dollars américains à la société ‘Gold Red Rock Trading Company Limited’, par l’entremise de son directeur général Mr Kebba.
 Il a déclaré que contrairement à la vente précédente des trois appareils, les revenus de cette transaction ont d’abord été payés dans le compte de recettes du Ministère des Finances, puis transférés ensuite dans le Fond Consolidé du Revenu.
 Mais le conseiller juridique de la Commission Parlementaire Spéciale a remarqué une anomalie concernant un certain paiement. La recette de la vente d’un autre appareil, soit 240.000 dollars américains, avait été versée dans le compte de recouvrement de la Commission Janneh 
Le ministre Keita a déclaré qu’il procèderait à une audition de tous les comptes utilisés et fournirait des récépissés à la Commission Parlementaire Spéciale.
Le conseiller juridique de la Commission Parlementaire Spéciale a acculé le ministre de questions pour savoir pourquoi certains fonds émanant de la vente des appareils ont été versés dans les comptes de recouvrement de la Commission Janneh tandis que d’autres fonds ont été versés dans le compte de recettes du Ministère de l’Economie et des Finances. Le ministre Keita a reconnu : « Je ne comprends nullement la logique derrière ce procédé ; je ne sais absolument pas pourquoi les fonds émanant des ventes de ces appareils ont été versés dans des comptes bancaires différents. »
Vers la fin de la séance, le ministre de l’économie et des finances a accepté de fournir des informations actuelles sur : l’avion immobilisé en Allemagne, les frais de stationnement impayés, les détails de tous les comptes bancaires où les fonds provenant des ventes des appareils ont été versés, et pourquoi l’appareil vendu en 2019 est toujours stationné à l’aéroport.