#French

« Le budget 2026 est illogique, incohérent », condamnent les députés

Nov 21, 2025, 12:02 PM

Le débat sur les Estimations des Recettes et des Dépenses a donné lieu à des échanges houleux Mercredi lorsque les députés ont signalé de profondes préoccupations concernant des allocations injustifiées, des institutions non-financées, et une marge grandissante entre les prévisions de recettes et les priorités du gouvernement.  

L’Honorable Almameh Gibba, député de la circonscription de Foni Kansala, a démarré la session le pied au plancher. Le député a indiqué que la somme de 100 millions de dalasis allouée aux boursiers de 2026, une fois que les arriérés avaient été déduits, était en réalité nuls, insistant que la ligne budgétaire en termes pratiques, ne contenait plus rien. Sa déclaration a été immédiatement rejetée, provoquant des interruptions interminables tandis qu’il défendait farouchement son assertion. « Cela est mon interprétation, » repoussant ainsi ces objections et les tentatives vaines de certains de ses collègues de lui apporter des corrections. « Si les mathématiques ne sont pas votre point fort, alors je suis totalement justifié. »

L’Honorable Gibba a poursuivi sur sa lancée pour dénoncer la situation lamentable de nombreuses institutions. Il a prévenu les députés que des institutions telles que l’Agence des Technologies, de l'Information, et de la Communication de la Gambie et de la Commission d’Accès à l’Information sont totalement dépourvues de personnel, et ce, malgré le fait que l’Assemblée Nationale ait promulgué les lois autorisant leur création.

Il s’est interrogé sur le bien-fondé de promulguer des lois alors que le gouvernement ne prend même pas la peine de fournir les ressources financières et humaines indispensables au fonctionnement de ces institutions. « Pourquoi promulguons-nous alors des lois ? Promulguons-nous des lois dans l’unique but de leurrer les bailleurs de fonds ? », a-t-il demandé. Il a également dénoncé le manque de priorités du gouvernement dans le secteur de l’éducation et a fermement prévenu que le Ministère de la Défense ne devrait absolument pas s’attendre à ce que l’Assemblée Nationale apporte des solutions pour colmater leur manque de financement. « Pourquoi approuver la création d’une institution dont vous êtes incapable de subvenir au financement ? » a-t-il poursuivi.

L’Honorable Membre de l’Assemblée Nationale, Sheriff Sarr, de la circonscription de Jeshwang, a tourné l’attention des députés vers le domaine de la mobilisation de revenus, déplorant le fait que les discussions concernant le budget mettent l’accent sur les dépenses plutôt que sur la collecte de revenus. « Il est impératif de procéder à la collecte des revenus avant de songer aux dépenses, » a-t-il déclaré. Il a observé une hausse de 6 milliards de dalasis en termes de prévisions de revenus mais a questionné    l’authenticité de ces chiffres.

Il a souligné les préoccupations concernant les Certificats d’Investissement Spéciaux, dont les entreprises en sont bénéficiaires mais qui ne sont pas adéquatement supervisés, causant ainsi des pertes substantielles de revenus. « Certaines entreprises ne fabriquent pas des produits, elles ne font que les importer et procèdent ensuite à leurs ventes, » a-t-il averti. 

Il a exhorté la mise en place de mécanismes adéquats de supervision et demandé que les agences responsables de la mobilisation des revenus révisent et focalisent leurs priorités.

Le député de Jeshwang a également lamenté l’état de détérioration du secteur agricole. Les bureaux administratifs manquent des commodités les plus élémentaires, les agences n’existent que de nom, et la qualité des produits fertilisants ne peut être testée dans le pays car les laboratoires ne sont aucunement en état de fonctionnement. Il a plaidé pour que les agences telles que le Département de l’Immigration de la Gambie et le Ministère de l’Intérieur soient encouragées à redoubler d’efforts pour la collecte de revenus, insistant que ces agences pourraient multiplier les recettes du gouvernement si elles sont adéquatement soutenues et galvanisées.

Il a également sonné l’alarme à propos des revenus émanant de la gestion des infrastructures routières, affirmant que les redevances sont trop insignifiantes pour le maintien adéquat des structures routières qui sont de plus en plus coûteuses. « Nous construisons des routes aujourd’hui et procédons à leur réhabilitation la semaine suivante, » a-t-il déclaré, critiquant la réduction des redevances et le manque d’autonomie départementale.

L’Honorable Musa Cham de la commune de Serrekunda a adopté une méthode beaucoup plus pondérée, se demandant pourquoi de nombreux fonds générés de manière autonome par certains départements n’ont pas été inclus dans le budget, car cela rend les estimations budgétaires non-conformes à la Loi sur les Finances Publiques.

Il a mentionné les 152 millions de dalasis de revenus du Ministère de l’Agriculture en 2025 qui n’ont pas été inclus en 2026, tout comme les revenus provenant d’EcoBus, de certaines universités, du Ministère des Affaires Étrangères et de divers autres ministères. « Si ces fonds avaient été inclus dans le budget, nous pourrions alors prendre connaissance de notre véritable potentiel en termes de mobilisation de revenus, » a-t-il argumenté.

L’Honorable Cham a également informé les députés que le déficit réel était estimé à environ 25 milliards de dalasis, un chiffre bien plus significatif que la somme de deux milliards suggérée durant les débats, compte tenu du manque de certitude concernant les donations et subventions de soutien au budget. Il a exhorté le gouvernement à investir dans des secteurs productifs tels que la pêche, rappelant aux membres que l’espace maritime du pays est largement sous-exploité tandis que les compagnies étrangères en profitent profusément et librement.

Il a conclu avec une série de questions mordantes au ministre concernant les subventions de projet, l’augmentation des dépenses liées au personnel, et la capacité des ministres à mettre en œuvre des projets financés par les bailleurs de fonds. L’Honorable Cham a également plaidé pour un soutien plus conséquent à la Commission sur les Sociétés et Entreprises Publiques, dont les prérogatives dépassent largement les capacités, mais qui demeure cependant un maillon essentiel pour prévenir la faillite ou la privatisation des sociétés et entreprises publiques.