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Le Ministère Public exhorte la cour à prolonger la période de détention du Lt.Gen. Saul Badjie à 90 jours

Jan 19, 2022, 1:51 PM

Le gouvernement a déposé Lundi auprès de la cour une demande officielle pour le maintien en détention du Lt. Gen. Saul Badjie et de deux autres officiers pour une période de 90 jours en vue de faciliter la poursuite des investigations et en attendant que des accusations formelles soient retenues contre eux.

Le Lt. Gen. Saul Badjie et deux autres officiers, le Major Landing Tamba et l’Adjudant de Première Classe Musa Badjie, ont apparu pour la première fois le Lundi 17 Janvier devant le juge de la Haute Cour de Banjul, Zainab Jawara-Alami.

Cependant, l’avocat de la défense Sheriff Kumba Jobe a contesté la légalité de la détention de ses trois clients à la prison de Mile 2, déclarant que Saul Badjie et les deux autres officiers sont détenus à Mile 2 alors qu’aucune charge n’a été retenue contre eux.

En 2018, le Gouvernement de la Gambie a procédé à la création de la Commission Vérité, Réconciliation et Réparations (TRRC). La Commission a présenté ses conclusions et recommandations au gouvernement Gambien le 25 Novembre 2021.

Le 24 Décembre 2021, le gouvernement a rendu public les conclusions et recommandations de la Commission pour la vérité.

La Commission Vérité, Réconciliation et Réparations (TRRC) a identifié Saul Badjie et les deux autres officiers comme étant les présumés auteurs de crimes commis durant le règne de l’ancien Président.

La demande est appuyée par une déclaration sous serment de Mr Jall M.I Senghore, un inspecteur de la Police Gambienne.

L’inspecteur Senghore a déclaré que ces soldats n’ont à aucun moment obtenu la permission du commandement supérieur des Forces Armées de la Gambie pour voyager et passer un aussi long séjour en Guinée Equatoriale. Il a confirmé qu’ils ont été accusés de désertion quelque temps après leur départ par l’armée.

L’inspecteur Senghore a déclaré que durant la période de leur séjour en Guinée Equatoriale, ces soldats ainsi que plusieurs autres qui faisaient partie de l’escorte officielle de l’ancien Président Jammeh, ont souvent interféré dans la politique interne de la Gambie. Il a ajouté que, selon les rapports des agences de sécurité, ces soldats ont posé et continuent de poser une menace à la sécurité de ce pays en raison de leurs antécédents passés.

L’inspecteur Senghore a poursuivi son témoignage pour dire que le rapport de la Commission Vérité, Réconciliation et Réparations (TRRC) a recommandé des investigations supplémentaires sur les trois détenus concernant des accusations de crimes contre les droits de l’Homme qui n’ont pas fait l’objet d’investigations de la part de la Commission.

L’inspecteur Senghore a déclaré que deux équipes chargées de l’escorte de l’ancien Président Jammeh ont fait leur retour en Gambie les 24 et 25 Décembre 2021 et se sont rendues aux autorités en vue de se soumettre aux contrôles de sécurité. Il a indiqué que les trois officiers faisaient partie de l’équipe.

L’inspecteur Senghore a affirmé que le Lt. Gen. Saul Badjie a reconnu lors des contrôles de sécurité qu’il était un membre de la tristement célèbre troupe de Junglers de l’ancien Chef de l’Etat. Il a soutenu que le General Badjie a également révélé qu’il détenait des informations sur la commission de délits graves dont l’incendie criminel du quotidien Independent Newspaper, le meurtre de deux citoyens Américains d’origine Gambienne ainsi que l’assassinat du Chef d’Etat-Major des Forces Armées le Colonel Ndure Cham.

L’inspecteur Senghore a déclaré qu’ils ont été informés par le General Badjie lors des contrôles de sécurité qu’il avait été en contact avec deux personnes, et ce, dans le cadre d’un complot visant à perpétrer des attaques en vue de perturber le bon déroulement des élections.

Lors de la phase de préparation de la déclaration sous serment, l’inspecteur Senghore a déclaré avoir été averti par le Procureur Public Kimbeng Tah de la nécessité d’ouvrir une enquête immédiate et approfondie sur ces crimes présumés car ils n’ont pas été inclus dans les investigations conduites par la Commission Vérité, Réconciliation et Réparations (TRRC).

L’inspecteur Senghore a déclaré qu’il est conscient de la nécessité de mener des investigations sur le séjour du Lt. Gen Saul Badjie et des deux autres officiers en Guinée Equatoriale due aux risques importants que leur absence prolongée pourrait poser à la sécurité nationale. Il a ajouté que, de par son expérience, de telles investigations doivent être conduites de manière approfondie et sur le plan international.

L’Inspecteur Senghore a déclaré que le Lt. Gen Saul Badjie était le commandant de la Garde Présidentielle et, de ce fait, le leader de la troupe d’assassins ‘Les Junglers’ tandis que les deux autres officiers étaient membres de la troupe d’assassins.

« Une mise en liberté de ces soldats serait non seulement préjudiciable à la poursuite des investigations, mais elle pourrait également poser une sérieuse menace à la sécurité nationale » a affirmé l’Inspecteur Senghor dans sa déclaration sous serment.

Il a déclaré que les trois suspects n’ont jamais témoigné devant la Commission Vérité, Réconciliation et Réparations (TRRC) tandis que certains membres des ‘Junglers’ qui ont témoigné devant la Commission de Vérité ont été ensuite mis en liberté.

L’Inspecteur Senghore a déclaré que le maintien en détention des trois suspects est essentiel pour le bon déroulement de la suite des investigations qui doivent continuer pour une période minimum de 90 jours.

« Il est de mon avis que leur mise en liberté pourrait poser une sérieuse menace à la sécurité nationale due à leurs antécédents précédents. Leur mise en liberté ne serait donc pas dans l’intérêt du public » a conclu l’inspecteur Senghore.

L’avocat de la défense Kumba Jobe a déclaré dans son objection préliminaire que cette demande du Ministère Public n’a aucun fondement juridique.

« Cette demande ne s’appuie sur aucune base juridique. Il n’existe aucune législation qui pourrait justifier cette demande » a déclaré l’avocat Jobe de la défense.

La cour a donné deux jours à l’avocat de la défense en vue de lui permettre de préparer sa plaidoirie. La cour a également donné deux jours au Ministère Public pour préparer leur réponse.

La cour a décidé de l’ajournement de l’audience jusqu’au 24 Janvier 2022 à 13h pour le verdict final.