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Le Comité de Protection des Journalistes (CPJ) exhorte les autorités Gambiennes à privilégier les reformes juridiques et des poursuites en justice pour les crimes contre la presse

Jul 1, 2022, 11:45 AM

Abuja, 29 Juin 2022 – Les autorités Gambiennes devraient adopter les reformes recommandées par la Commission Vérité, Réconciliation et Réparations (TRRC) - notamment celles qui établissent que les journalistes ne soient pas traduits en justice pour sédition. Ces reformes recommandent des poursuites judiciaires contre l’ancien Président Yahya Jammeh et les membres de son unité d’assassins d’élite ‘les Junglers’ pour les crimes perpétrés contre les journalistes et de mettre fin à la culture de l’impunité dans le pays, a déclaré Mercredi le Comité de Protection des Journalistes.  

Le 25 Mai, les autorités Gambiennes ont procédé à la publication du Livre Blanc concernant les conclusions et recommandations de la Commission Vérité, Réconciliation et Réparations (TRRC), qui avait été établi par le gouvernement du Président Barrow en Décembre 2017. Les principaux objectifs de la Commission « étaient de cataloguer de manière impartiale les nombreux crimes et abus des droits de l’Homme » perpétrés lors des 22 ans de règne de l’ancien Président Jammeh, de prôner l’apaisement des cœurs et des esprits, et « de mettre fin à l’impunité », et ce, en vue « d’éviter une répétition de ces tristes évènements. »

Suite à sa défaite à l’élection présidentielle de 2017, l’ancien Président Jammeh est parti en exile en Guinée-Equatoriale et a réclamé l’asile politique dans ce pays. Il bénéficie de la protection des autorités de ce pays, selon Human Rights Watch.

Les autorités ont accepté les recommandations de la Commission Vérité, Réconciliation et Réparations (TRRC) préconisant des investigations et des poursuites judiciaires contre l’ancien Président Jammeh pour le meurtre du journaliste Deyda Hydara, la disparition du journaliste Ebrima Manneh, les incendies volontaires de Radio 1 FM et du journal The Independent ainsi que les agressions contre les journalistes travaillant pour le journal en ligne The Freedom Newspaper.

Mr Manneh, un reporter du journal en ligne Daily Observer, a disparu le 7Juillet 2006 suite à son arrestation par des agents de l’Agence Nationale de Renseignement (NIA) arborant des tenues vestimentaires civiles, tel que révélé par le Comité de Protection des Journalistes (CPJ).Son corps a été retrouvé par des agents de police 11 ans plus tard.

Les autorités Gambiennes ont refusé la recommandation de la Commission Vérité, Réconciliation et Réparations (TRRC) préconisant la décriminalisation de la sédition. Les autorités Gambiennes ont écrit que cette loi est « un élément essentiel de la sécurité nationale » si elle n’est pas « utilisée par le gouvernement pour restreindre la liberté de la presse », selon le Livre Blanc, qui a ajouté que le gouvernement prendrait les mesures nécessaires pour présenter une meilleure définition du mot ‘sédition’.

En 2018, un jugement de la Cour de Justice de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) réclamait du gouvernement Gambien l’abolition ou la révision de la loi sur la sédition ainsi que de toutes les autres lois qui constituaient une violation des droits des journalistes. Le Comité de Protection des Journalistes (CPJ) et d’autres groupes de défense des droits de l’Homme ont présenté un dossier à la Cour de Justice et avaient auparavant dénombré les poursuites contre les journalistes accusés d’infraction à la loi contre la sédition.

« La décision des autorités Gambiennes d’accepter la plupart des recommandations de la Commission Vérité, Réconciliation et Réparations est louable, mais elle nécessite également des mesures urgentes pour mettre fin à des décennies d’impunité pour le meurtre des journalistes Deyda Hydara et Ebrimah Manneh et pour les autres crimes perpétrés contre la presse » a déclaré Mme Angela Quintal, la coordinatrice du programme Afrique du Comite de Protection des Journalistes (CPJ) à Johannesburg. « Le gouvernement du Président Barrow devrait admettre que la loi contre la sédition de la Gambie est une menace a la liberté de la presse et privilégier des reformes juridiques en vue de garantir que le journalisme ne soit pas criminalisé. »

Le gouvernement Gambien a approuvé les recommandations de la Commission Vérité, Réconciliation et Réparations (TRRC) préconisant des reformes du code pénal et des autres lois criminalisant la presse, selon le Livre Blanc et Mme Fatau M. Jawo, une avocate et défenseur des droits de l’Homme qui a parlé au Comité de Protection des Journalistes (CPJ) par téléphone. Principalement la Loi sur l’Information et les Communications 2013 qui impose une peine de prison de 15 ans ainsi qu’une amende de 3 millions de dalasis ( 56.000 dollars) aux personnes condamnées pour la propagation de fausses nouvelles et déclarations calomnieuses contre les agents du gouvernement, tel que documenté par le Comité de Protection des Journalistes (CPJ). 

Le Livre Blanc reconnait également que le Président Jammeh a usé de tous les moyens possibles afin d’attaquer la presse et a mentionné plusieurs incidents, notamment les meurtres, les cas de torture, les arrestations et détentions arbitraires des journalistes. Plusieurs de ces incidents ont été documentés par le Comité de Protection des Journalistes (CPJ):

 

  • Le meurtre de Mr Deyda Hydara, le rédacteur général et copropriétaire du journal indépendant The Point et un correspondant de l’Agence France Presse (AFP) et de Reporters Sans Frontières
  • Une plausible participation dans la disparition d’Ebrima Manneh
  • La fermeture de la chaine de radio privée Citizen FM radio
  • La fermeture de la chaine de radio privée Sénégalaise Sud FM
  • La fermeture de la chaine de radio indépendante FM radio
  • La perturbation du réseau internet
  • L’expulsion d’au moins sept journalistes étrangers. « Les conditions de séjour des journalistes étrangers étaient devenues invivables, un grand nombre de ces journalistes a été contraint de quitter le pays »
  • L’arrestation de sept journalistes et leaders de la presse: Mr Pap Saine, Mr Alieu Badara Sowe, Mr Bruce Asemota, Mr Emil Tourey, Mr Sarata Jabbi, Mr Pa Modou Faal et Mr Sam Sarr.

 

Mr Bafou Jeng, conseiller juridique principal au Ministère de la Justice, a décliné la demande du Comite de Protection des Journalistes (CPJ) visant à recueillir son avis et a recommandé que les questions soient adressées à Mr Kimbeng Tah, l’agent du Ministère responsable des affaires concernant la Commission Vérité, Réconciliation et Réparations (TRRC). Le Comité de Protection des Journalistes (CPJ) a adressé un courrier électronique à Mr Tah, mais n’a reçu aucune réponse.