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La secrétaire de la Commission Janneh interrogée sur son ignorance concernant la vente de tracteurs

Sep 11, 2025, 1:05 PM

Les investigations de l’Assemblée Nationale sur la solde des biens de l’ancien président Yahya Jammeh ont pris une nouvelle tournure lorsque Mme Ramou Sarr, secrétaire de la Commission Janneh, a reconnu qu’elle est très insuffisamment ou pas du tout informée sur les aspects cruciaux entourant la vente controversée de tracteurs appartenant à l’état.
Elle a constamment insisté qu’elle « n’était pas partie intégrante » de la vente de ces tracteurs. Cela a provoqué une prompt réprimande de la part des parlementaires, qui ont ouvertement exprime leurs doutes sur sa compétence et l’ont accusée d’avoir renoncé à ses responsabilités.
Lors de son apparition mardi devant la Commission Parlementaire sur la Vente et le Solde des Biens Identifiés par la Commission Janneh, Mme Sarr a fait face à une pléthore de questions sur le solde de 186 tracteurs appartenant à l’ancien président et confisqués par le gouvernement. Les documents officiels ont montré que la première phase de ventes aux enchères, dirigée par Alhaji Mamadi Kurang, a engendré 10.5 millions de dalasis suite à la vente de 43 tracteurs. Mais la deuxième phase n’a engendré que 13 millions de dalasis, bien que le nombre de tracteurs vendus soit plus que le double de celui de la première phase. Une anomalie qui défie toute logique, selon les parlementaires.
Mme Sarr a été interrogée sur ce manquement. Elle a révélé qu’elle n’avait pas pris part au processus de vente, insistant qu’elle avait uniquement rédigé des lettres et notices et n’avait pas personnellement supervisé les enchères. « Je n’ai pas été partie intégrante du processus de ventes, » a-t-elle constamment répété, ajoutant qu’elle avait focalisé son attention sur les autres tâches et fonctions de la Commission Janneh.
« Il me semble que vous ne serez nullement en mesure d’apporter un quelconque éclairci sur le processus de ventes, si l’on se fie à vos déclarations, » a sèchement réprimandé le conseiller juridique de la commission parlementaire. « Mis à part l’envoi de notices dont le contenu vous est étranger. Vous étiez la patronne du Secrétariat, cependant vous affirmez que vous n’étiez aucunement informée sur les activités de votre personnel. Cela est consternant. »
A un certain point, le conseiller juridique de la commission parlementaire a prévenu Mme Sarr que son indifférence pourrait être considérée comme un manque de respect pour les travaux de la commission parlementaire et pourrait encourir des sanctions. « Mme Sarr, dans la mesure où vous êtes bien portante et en bonne santé, une telle insouciance pourrait entrainer des sanctions contre votre personne, » a-t-il sermonné.
Bien qu’elle était la responsable chargée de l’établissement et de l’entretien de documents officiels sur les travaux de la Commission Janneh et l’officier qui autorisait le paiement des indemnités des équipes chargées de l’organisation des ventes aux enchères, Mme Sarr a maintenu qu’elle « n’avait pas été personnellement impliquée » dans le processus de ventes et n’avait pris connaissance des rapports-clé sur les activités de la commission que quelques années plus tard.
Elle a admis qu’elle n’avait jamais insisté auprès de son personnel pour des éclaircissements sur les faibles revenus engendrés par les ventes aux enchères. Elle a également reconnu qu’elle n’avait nullement tenté de vérifier les rumeurs selon lesquelles les tracteurs avaient été modifiés et dépouillés de certains de leurs outils, et ce, bien qu’ils fussent placés sous la responsabilité de la Commission Janneh.
La commission parlementaire n’avait d’autre choix que de faire face à une troublante réalité : un haut-responsable qui avait été confié le rôle de préserver les biens de l’état mais qui apparemment ignorait ou refusait de prendre ses responsabilités pour les pertes encourues sous sa direction.
Pour les parlementaires, le témoignage de Mme Sarr a suscité autant de questions qu’il n’a apportées de réponses. A-t-elle été délibérément mise à l’écart par les autres membres de la Commission Janneh ? Ou a-t-elle été, selon les propos incisifs d’un membre de la commission parlementaire, « insouciante » dans l’exécution de ses fonctions ?