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Depuis des décennies, l'USAID a été une bouée de sauvetage pour les organisations qui s'occupent de thèmes tels que les droits de l'Homme, la santé, la démocratie et le développement économique. Aujourd'hui, avec le gel des financements et l'arrêt des projets, les communautés qui dépendent de ce soutien sont confrontées à un avenir incertain.
En Gambie, les programmes soutenus par l'USAID ont joué un rôle crucial dans la justice transitionnelle, la construction de la démocratie et les efforts en matière de droits de l'Homme. Les militants avertissent que la suspension du financement aura de graves conséquences, en particulier pour les survivants des violations passées des droits de l'Homme, les communautés exilées et les organisations qui travaillent au renforcement de la démocratie.
Alors que les organisations se démènent pour trouver d'autres sources de financement, les activistes préviennent que sans une intervention immédiate, des années de progrès pourraient être réduites à néant. Ils invitent les Organisations de la Société Civile (OSC) à diversifier leurs sources de financement afin d'assurer leur viabilité à long terme.
Selon Ma Jabou Ceesay, associée aux programmes et coordinatrice de projet à l'Association des Femmes pour l'Autonomisation des Femmes et des victimes (WAVE), le financement de l'USAID a été déterminant dans le cadre du soutien aux victimes de violations des droits de l'Homme sous le régime de l'ancien président gambien Yahya Jammeh. Son organisation (WAVE) a été d’une aide immense à la secte Ndigal en exil au Sénégal, une minorité religieuse forcée de fuir la Gambie il y a près de 15 ans.
Grâce à un financement de l'USAID acheminé par Freedom House, l'organisation de Ceesay a facilité la participation de plus de 100 Gambiens exilés au processus de justice transitionnelle du pays.
Des programmes de cohésion sociale ont permis de combler le fossé entre les exilés et les nouveaux habitants de Kerr Mot Ali, en Gambie. En outre, l'initiative a permis à 40 exilés d'obtenir des documents d'identité nationaux, leur donnant accès à des services essentiels tels que les soins de santé et l'éducation. Avant cette intervention, de nombreuses femmes se voyaient refuser les soins de maternité et les enfants ne pouvaient aller à l'école en raison de leur apatridie.
Cependant, l'arrêt soudain du financement de l'USAID a perturbé ces efforts. Les projets visant à fournir des cartes d'identité nationales à un plus grand nombre d'exilés ont été suspendus, laissant de nombreux exilés apatrides et sans accès aux droits fondamentaux. De même, les activités de cohésion sociale alignées sur les recommandations de la Commission Vérité, Réconciliation Et Réparations (TRRC) risquent maintenant d'être interrompues.
« La suspension de l'USAID signifie que moins de Gambiens exilés recevront des documents d'identité et que la participation aux efforts de réconciliation sera sévèrement limitée », a déclaré Mme Ceesay.
Mme Ma Jabou Ceesay a déclaré que l'impact de la fermeture de l'USAID va au-delà des projets individuels. Il menace l'ensemble du secteur de la société civile en Gambie. De nombreuses organisations peinent désormais à conserver leur personnel, et certaines réduisent déjà les salaires pour maintenir leurs activités.
« La dépendance envers un seul donateur est une stratégie empreinte de risques », a conseillé Mme Ma Jabou Ceesay. « Les organisations devraient explorer de multiples sources de financement et les individus devraient envisager d'autres sources de revenus, telles que l'entrepreneuriat. »
Mr Ansumana Camara, coordinateur national d'Activista Gambie, a prévenu que la fermeture de l'USAID ne pouvait pas arriver à un pire moment. « La Gambie se trouve à un moment crucial où les questions relatives à l'espace civique sont plus importantes que jamais », a-t-il déclaré. L'USAID a joué un rôle essentiel dans le soutien aux initiatives de renforcement de la démocratie, à l'intégration régionale et à l'éducation du public en matière de gouvernance.
Aujourd'hui, avec le gel des financements, de nombreuses organisations sont confrontées à des contraintes financières qui pourraient les obliger à mettre fin à des programmes cruciaux. « Cette situation est d'autant plus alarmante que la Gambie se trouve dans une phase de transition, avec un projet de constitution en attente d'approbation. Sans le soutien de l'USAID, les efforts de la société civile pour engager les citoyens dans le processus démocratique en pâtiront », s'alarme-t-il.
Au-delà de la gouvernance, l'impact économique est également grave. De nombreuses personnes qui comptaient sur les projets financés par l'USAID pour l'emploi et les initiatives de développement communautaire sont aujourd'hui confrontées à l'incertitude financière. « Les coupes budgétaires n'affectent pas seulement les organisations, mais aussi les personnes qui dépendent de ces programmes pour leur survie », a-t-il souligné.
Dans la même veine, il a appelé le gouvernement gambien à faire preuve de transparence et de responsabilité. « Lorsque la société civile est affaiblie, la gouvernance est menacée. Le gouvernement doit intervenir et soutenir les initiatives qui renforcent la démocratie et les droits de l'Homme ».
La fermeture de l'USAID affecte également des projets de développement plus importants en Gambie. Les responsables du programme du ‘’seuil’’ de la Millennium Challenge Corporation (MCC-Gambia) ont récemment confirmé avoir reçu une notification de Washington, D.C., pour suspendre temporairement les activités jusqu'à nouvel ordre.
En novembre 2021, la MCC et le gouvernement gambien ont signé un programme de ‘’seuil’’ de 25 millions de dollars, et ce, en vue de la résolution des problèmes d'électricité du pays. En décembre 2022, la Gambie est devenue éligible à une subvention encore plus importante, destinée à financer des initiatives de développement économique, à réduire la pauvreté et à améliorer les infrastructures. Aujourd'hui, avec le gel en place, ces efforts sont au point mort, mettant en péril des projets nationaux essentiels.
Malgré la situation désastreuse, les leaders de la société civile appellent à une action immédiate en vue d’atténuer les dommages causés par l'arrêt des financements. Mr Marr Nyang, directeur exécutif de Gambia Participates, a fait remarquer que si son organisation n'a pas reçu de financement direct de l'USAID, elle en a bénéficié indirectement par l'intermédiaire de partenaires basés aux États-Unis.
« Grâce à ce soutien, nous avons réalisé un travail innovant en matière de gouvernance, d'élections et de lutte contre la corruption », a déclaré Mr Nyang. Toutefois, il craint que le gel des fonds ne retarde des interventions clés, notamment les réformes législatives et du secteur de la sécurité, qui sont fondamentales pour la démocratie en Gambie.
« Cela aura un impact négatif non seulement sur notre travail, mais aussi sur les fonctionnaires, les institutions et les communautés locales qui dépendent de ces initiatives », a-t-il ajouté.
Toutefois, Mr Nyang garde l'espoir que d'autres donateurs internationaux viendront combler le vide laissé par l'USAID. « Les États-Unis ont été le principal bailleur de fonds des programmes d'aide mondiaux. Avec cette perte, l'Union européenne, la GIZ et le gouvernement canadien devraient envisager d'accroître leur soutien à la société civile. Malheureusement, il est peu probable que le gouvernement gambien intervienne pour financer des organisations qui lui demandent des comptes », a-t-il déclaré.
La suspension soudaine du financement de l'USAID est plus qu'un revers financier. Elle constitue une menace directe pour les droits de l'Homme, la démocratie et le progrès social. Qu'il s'agisse de fournir une identité légale aux communautés exilées ou de renforcer la gouvernance et l'engagement civique, l'USAID a été au cœur d'efforts de développement cruciaux en Gambie et au-delà.
L'impact de l'USAID a été substantiel. Au cours de la seule année fiscale 2022-23, l'agence a participé à 63 transactions pour un montant total de plus de 2 milliards de dollars, mobilisant des capitaux importants provenant de diverses sources, et ce, en vue du financement de projets de développement, selon Pioneers Post (Pioneers Post). Ses initiatives en matière de santé sont particulièrement remarquables ; en 2020, l'USAID a touché 26,7 millions d'enfants de moins de cinq ans et 8,6 millions de femmes enceintes grâce à des programmes de nutrition essentiels, selon l'USAID (USAID). En outre, plus de 3 millions de vies sont sauvées chaque année grâce aux efforts de vaccination de l'USAID, et plus de 50 millions de couples dans le monde utilisent les services de planification familiale fournis par l'agence, selon un rapport de l'USAID 2012-2017.