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La Commission Janneh qualifiée de «marionnette» du Ministère de la Justice 

Aug 20, 2025, 1:26 PM

Dans un témoignage accablant hier, Mme Ramatoulie Sarr, directrice de cabinet adjoint au Ministère de la Justice et ancienne secrétaire adjointe de la Commission Janneh, a admis que la Commission n’était guère plus qu’une marionnette du Ministère de la Justice. Ses révélations soulèvent de nouvelles inquiétudes quant à l’indépendance et l’intégrité de cette enquête très médiatisée.
Le conseiller juridique principal de la commission, Mr Dibba, lui a demandé directement si elle pensait que la commission était effectivement contrôlée par le ministère. Mme Sarr a répondu par un « oui » ferme et sans équivoque.
Témoignant devant la Commission Spéciale de l’Assemblée Nationale sur la Vente et la Cession des Actifs identifiés par la Commission Janneh, Mme Sarr a révélé qu’elle avait rejoint la commission dès sa création en tant que secrétaire adjointe. Elle a toutefois précisé qu’elle était initialement basée au Ministère de la Justice, où elle était chargée de la gestion des paiements pour la commission.
« En juillet 2018, j’ai été nommée secrétaire à la suite du licenciement de Mr Kurang, et c’est à ce moment-là que j’ai rejoint la commission », a déclaré Mme Sarr. Elle a révélé que sa nomination initiale était le résultat d’une instruction verbale de la part du ministre de la Justice de l’époque, Ba Tambadou, qui l’avait informée qu’elle avait été nommée secrétaire adjointe. Une lettre officielle a ensuite été envoyée par le procureur général de l’époque, Cherno Marena.
 Le conseiller juridique principal de la commission a demandé à Mme Sarr si sa nomination avait été publiée au Journal Officiel. Mme Sarr a répondu par la négative. « Lorsque j’ai demandé ma lettre de nomination, l’ancien ministre de la Justice m’a répondu qu’il s’agissait d’un arrangement interne, car je n’avais pas été nommée par le président », a-t-elle déclaré. « Je pensais que j’allais occuper le poste de secrétaire sur la base de cette lettre, mais lorsque je me suis présentée à la Commission, on m’a désignée comme secrétaire adjointe. »
 Elle a ajouté que Tambadou l’avait personnellement informée de la révocation de Kurang et lui avait demandé de prendre sa succession. Malgré le fait que le procureur général était son supérieur hiérarchique direct, elle ne se rendait à la Commission qu’occasionnellement, principalement pour traiter les sujets liés aux paiements.
 Mme Sarr a affirmé, sur insistance du conseiller juridique principal, qu’elle comprenait son rôle au sein de la Commission, précisant qu’elle était à la tête du secrétariat. Elle a toutefois admis qu’elle n’avait jamais reçu de mandat, et cela a définitivement contribué à la confusion entourant son rôle.
 « J’ai été verbalement instruit d’assumer le rôle de secrétaire adjointe après le départ de M. Kurang, mais je n’avais pas de mandat. Je n’ai fait qu’exécuter les instructions données par le président de la Commission », a-t-elle déclaré.
 Mme Sarr a également reconnu avoir reçu des honoraires avant sa nomination officielle, justifiant cette pratique par sa participation à la préparation des paiements pour la Commission. Elle a affirmé n’avoir jamais reçu d’instructions de M. Kurang pendant son mandat de secrétaire adjointe.
 Le conseiller juridique principal a également remis en question la légitimité de sa nomination, soulignant que la lettre qu’elle considérait comme sa lettre de nomination ne lui avait pas été adressée. Elle avait plutôt été adressée au président de la Commission Janneh. Mme Sarr a acquiescé, déclarant : « J’ai trouvé cela très anormal, car elle ne m’avait pas été adressée. »
 Elle a également évoqué la gestion du courrier au sein du Secrétariat, notant que certaines lettres étaient acheminées par le biais du Secrétariat, tandis que d’autres étaient envoyées directement à l’avocat principal de la Commission Janneh.

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