L’ancien Chef d’Etat-Major et Ministre de l’Intérieur, le Colonel à la retraite Babucar Jatta a déclaré lors de son témoignage devant la Commission Vérité, Réconciliation et Réparations que l’incident concernant les migrants ouest-africains est une exécution qui a été ordonnée par le gouvernement, perpétrée par les soldats et autorisée par l’ancien Président Yahya Jammeh.
L’ancien chef de l’armée à la retraite a expliqué que lors de l’arrivée des migrants ouest-africains, il y avait un festival de musique à McCarthy Square en présence du Président, des ministres et autres hautes personnalités du gouvernement. Il a déclaré à la Commission que juste après minuit, l’ancien Inspecteur General de la Police Ousman Sonko l’a informé de l’arrestation des migrants à Barra. Il a ajouté qu’il a immédiatement informé le Président de la situation.
Le Colonel Jatta a confirmé que les détenus n’avaient aucune arme en leur possession. Ils auraient pu prendre possession du commissariat de police de Barra si tel avait été leur intention car ils auraient bénéficié de l’avantage numérique. Il a ajouté que les agents de l’Agence Nationale de Renseignement sont arrivés plus tard au Commissariat de Police de Barra afin de prendre les détenus en charge.
‘’ Le jour suivant, j’ai eu confirmation au cours d’une discussion avec le directeur général de l’Agence Nationale de Renseignement, Daba Marena, que les détenus étaient bel et bien des migrants. Je lui ai alors dit que l’Agence Nationale de Renseignements devait respecter et adhérer au protocole de la CEDEAO et permettre aux détenus de retourner dans leurs pays respectifs.’’
Le témoin a également déclaré avoir été informé durant le cours de la semaine par l’Inspecteur General de la Police que des cadavres avaient été découverts à Ghana Town. Le témoin n’a cependant jamais visité le site.
‘’ Nous avons au cours d’une discussion décidé d’évacuer les cadavres à l’hôpital et d’essayer de trouver des documents personnels les concernant. Le lundi, j’ai eu une réunion avec les chefs des corps armés dans mon bureau. Nous étions préoccupés du sort des autres migrants. Nous avons en effet pressenti qu’il s’était passé quelque chose de grave.’’
Il a poursuivi son témoignage pour dire qu’il a ordonné à l’Inspecteur General de la Police de mener une enquête sur cette affaire, mais en vain. Il a déclaré qu’il a eu des soupçons concernant l’intention de l’Inspecteur General de la Police à résoudre cette affaire.
Le Colonel Jatta a également témoigné que l’Agence Nationale de Renseignement était en charge de l’enquête sur cette affaire. Lorsqu’il a demandé des renseignements à Dabba Marenah, il lui a dit qu’ils devaient vérifier certaines informations et les migrants seraient remis en liberté. Il a révélé à la Commission que les personnes arrêtées n’étaient pas sous la garde de la police, mais plutôt sous le contrôle et la supervision de l’Agence Nationale de Renseignement.
Lors d’une interview avec le journaliste Omar Wally, Mr Jatta a affirmé que les migrants avaient été rapatriés dans leurs pays respectifs. Il a cependant déclaré à la Commission qu’il avait caché la vérité à Omar et a reconnu que les migrants ont été exécutés en Gambie.
Jatta a révélé que le Ministre des Affaires Étrangères du Ghana est venu en Gambie en vue de demander la mise en place par les autorites Gambiennes et Ghanéennes d’une commission mixte d’investigation et aussi la remise en liberté des autres ressortissants Ghanéens détenus par la police. Cette démarche n’a cependant pas eu l’effet escompté. Il a ajouté que le gouvernement de la Gambie a décidé de camoufler le meurtre des migrants et a rejeté les allégations.