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Flambée des prix des moutons à l’approche de la Tabaski, le dalasi déprécie

May 29, 2025, 11:02 AM

A l’approche de la Tabaski, un grand nombre de familles gambiennes éprouvent de plus en plus de difficultés à se procurer des ovins pour le sacrifice religieux annuel.

Les marchands et acheteurs d’ovins expriment leurs sérieuses préoccupations concernant la flambée sans précèdent des prix, largement provoquée par la dépréciation continue du Dalasi gambien par rapport au Franc CFA. Dans la mesure où les difficultés économiques perdurent, les marchands et consommateurs appellent le gouvernement à intervenir urgemment en vue d’éviter que la saison festive soit gâchée par les contraintes économiques et la destitution.

Les sentiments habituels d’excitation et d’anticipation sont remplacés par l’anxiété et la frustration pour de nombreuses familles gambiennes. Le prix des ovins et bovins, une part essentielle de cette festivité religieuse, a connu une augmentation vertigineuse, et les marchands et consommateurs d’ovins et bovins pointent le doigt vers un seul et unique coupable : la dépréciation de la valeur du Dalasi par rapport au Franc CFA

Mr Matarr Bittaye, un marchand de bétail qui importe habituellement son cheptel du Sénégal voisin, a déclaré que cette année a été l’une des plus difficiles de sa carrière. « Le taux d’échange est insoutenable, » a-t-il déclaré au journal The Point. « L’année dernière, le taux d’échange était de 555 dalasis, il se situe maintenant à 625 dalasis. Cette différence a un impact sur la quantité de bétail qu’il nous est possible d’importer ainsi que sur le prix de revente du bétail. »

Selon Mr Bittaye, la faiblesse du Dalasi est non seulement la cause de la réduction de la qualité et quantité du bétail importé, mais elle redéfinit également les habitudes des acheteurs. « Les clients hésitent. Ils viennent au marché, demandent les prix, et ensuite quittent les lieux sans procéder à un quelconque achat, » a-t-il révélé. « Les prix sont tout simplement hors de portée pour les Gambiens à revenus moyens. »

Mr Muhammed Sillah, un autre célèbre vendeur de bétail qui importe, nourrit et élève le bétail local, a exprimé des sentiments similaires. « Cette année a été la plus difficile depuis fort longtemps, » a-t-il déclaré. « Tous les coûts ont augmenté: la nourriture, le transport, les frais de passage à la frontière, et plus important, le CFA. Le taux d’échange rend la situation insoutenable. »

Mr Sillah a souligné le besoin d’accroitre les investissements dans la production de bétail local comme une solution viable à long terme. « Si nous mettons plus d’efforts dans l’élevage de bétail local, nous pourrions ainsi réduire notre dépendance vis-à-vis des importations et stabiliser les prix, » a-t-il suggéré. « Mais pour l’instant, nous sommes bloqués dans un cycle dans lequel les années deviennent de plus en plus difficiles pour les marchands e le public.

Il a également exhorté ses collègues marchands à tenir compte de la situation économique difficile lorsqu’ils fixent leurs prix. « Nous comprenons le monde des affaires, nous savons comment les choses marchent, mais nous ne pouvons nullement ignorer les réalités quotidiennes des populations, » a-t-il poursuivi. «  Cette période revêt une importance religieuse. La recherche du profit ne devrait nullement prendre le dessus sur l’aspect spirituel de la Tabaski. Rien ne devrait empêcher les Gambiens de marquer leur foi en toute dignité. »

Tandis que les marchands font face à l’incertitude économique, les consommateurs sont également confrontés à des choix difficiles. Mr Ousman Manneh, un père de famille résidant a Bundung, a exprimé ses préoccupations concernant la disponibilité du bétail. « Chaque année, ma famille et moi attendent avec impatience la Tabaski, mais cette année, les prix sont tout simplement exhaustifs, » a-t-il insisté. « Le prix d’un mouton se situe généralement cette année entre 20.000 et 30.000 dalasis. Cela est incroyable. »

Mr Manneh a révélé que pour de nombreuses familles, aquerir un mouton est plus qu’un devoir religieux. C’est un moment de partage, de rassemblement, ainsi qu’un couronnement spirituel. « Cela est navrant pour une famille qui ne peut s’offrir un mouton, notamment pour les enfants qui peinent à comprendre pourquoi les choses sont si différentes cette année, » a-t-il déploré.

Il a exhorté le gouvernement et les partenaires au développement à prendre des mesures proactives, et ce, afin de résoudre cette situation pertinente et récurrente.

Mr Musa Drammeh, un acheteur, a déclaré que le problème est exacerbé par la dépendance de la Gambie vis-à-vis du bétail importé du Sénégal, du Mali et de la Mauritanie ; pays qui utilisent le Franc CFA. Cela, selon lui, rend le marché local extrêmement sensible aux fluctuations du taux d’échange.

Mr Omar Sonko, un père de six enfants résident à Tanji, a également fait part de sa frustration. « J’ai fait le tour des marchés, et les prix sont affligeants, » a-t-il déclaré. « En temps normal, j’aurais déjà procédé à l’acquisition d’un mouton. Cette année, cela est pratiquement impossible. »