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[Tribune] Gambie – Adama Barrow : mandat respecté, mandants trahis

Jan 23, 2020, 2:10 PM

Depuis sa prestation de serment le 19 janvier 2017, le chef de l’État, élu pour cinq ans, est revenu sur sa promesse de démissionner au bout de trois ans. Un mandat pour rien ?

Le président gambien Adama Barrow a choisi son mandat contre ses mandants. Après avoir assuré à ces derniers qu’il ferait un « mandat de transition » (selon ses propres mots) d’une durée de trois ans au lieu des cinq ans que lui accordait la Constitution gambienne, le successeur de Yahya Jammeh a finalement fait volte-face. Il fera cinq ans de présidence. Au moins. S’il n’est pas réélu pour un second bail en 2021.

Ce respect à la lettre de la Constitution, parce qu’il est rare dans la sous-région ouest-africaine, n’en est que davantage suspect. Si la lettre est respectée, l’esprit des institutions républicaines gambiennes a bel et bien été perverti. Car Adama Barrow, le polygame (deux épouses), fan d’Arsenal – dont il lui arrive d’arborer le maillot sur des photos diffusées sur les réseaux sociaux -, est un président par accident. Presque par effraction. Et certainement de transition, dans ce petit pays de deux millions d’habitants où toutes les cartes devaient être rebattues, avec un préalable : l’éviction de Yahyah Jammeh.

Victoire inattendue

En 2017, c’est parce que le président du principal parti d’opposition (le Parti démocrate unifié, UDP), Ousseinou Darboe, est incarcéré pour longue durée depuis avril 2016, que son parti, puis une coalition de l’opposition (sept partis), se résolvent à investir Barrow candidat. Personne ne mise grand-chose sur ce challenger à la bouille rondouillarde, ancien vigile de supermarché en Grande-Bretagne, face à un Yahya Jammeh qui tient le pays d’une main de fer depuis son putsch de 1994 et qui brigue alors un cinquième mandat.

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Coup de tonnerre dans une prison à ciel ouvert : la commission électorale gambienne déclare le 2 décembre 2016 Barrow vainqueur de cette élection à un tour, avec 45,54 % (263 515 voix) contre Jammeh, qui recueille 36,6 % (212 099 voix). À la surprise générale, en tout cas celle de la communauté internationale, habituée aux coups de sangs de Jammeh, à son auto-glorification comme « dictateur du progrès » et à ses frasques de président-soigneur de malades du VIH.

LA SEULE GRANDE AVANCÉE EST QUE BARROW MET SON PEUPLE DEVANT LE FAIT ACCOMPLI, QUI EST QU’IL IRA AU BOUT DE SON MANDAT DE CINQ ANS