Depuis
sa prestation de serment le 19 janvier 2017, le chef de l’État, élu pour cinq
ans, est revenu sur sa promesse de démissionner au bout de trois ans. Un mandat
pour rien ?
Le
président gambien Adama Barrow a choisi son mandat contre ses mandants. Après
avoir assuré à ces derniers qu’il ferait un « mandat de transition » (selon ses
propres mots) d’une durée de trois ans au lieu des cinq ans que lui accordait
la Constitution gambienne, le successeur de Yahya Jammeh a finalement fait
volte-face. Il fera cinq ans de présidence. Au moins. S’il n’est pas réélu pour
un second bail en 2021.
Ce
respect à la lettre de la Constitution, parce qu’il est rare dans la
sous-région ouest-africaine, n’en est que davantage suspect. Si la lettre est
respectée, l’esprit des institutions républicaines gambiennes a bel et bien été
perverti. Car Adama Barrow, le polygame (deux épouses), fan d’Arsenal – dont il
lui arrive d’arborer le maillot sur des photos diffusées sur les réseaux
sociaux -, est un président par accident. Presque par effraction. Et
certainement de transition, dans ce petit pays de deux millions d’habitants où
toutes les cartes devaient être rebattues, avec un préalable : l’éviction de
Yahyah Jammeh.
Victoire
inattendue
En
2017, c’est parce que le président du principal parti d’opposition (le Parti
démocrate unifié, UDP), Ousseinou Darboe, est incarcéré pour longue durée
depuis avril 2016, que son parti, puis une coalition de l’opposition (sept
partis), se résolvent à investir Barrow candidat. Personne ne mise grand-chose
sur ce challenger à la bouille rondouillarde, ancien vigile de supermarché en
Grande-Bretagne, face à un Yahya Jammeh qui tient le pays d’une main de fer
depuis son putsch de 1994 et qui brigue alors un cinquième mandat.
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Coup
de tonnerre dans une prison à ciel ouvert : la commission électorale gambienne
déclare le 2 décembre 2016 Barrow vainqueur de cette élection à un tour, avec
45,54 % (263 515 voix) contre Jammeh, qui recueille 36,6 % (212 099 voix). À la
surprise générale, en tout cas celle de la communauté internationale, habituée
aux coups de sangs de Jammeh, à son auto-glorification comme « dictateur du
progrès » et à ses frasques de président-soigneur de malades du VIH.
LA
SEULE GRANDE AVANCÉE EST QUE BARROW MET SON PEUPLE DEVANT LE FAIT ACCOMPLI, QUI
EST QU’IL IRA AU BOUT DE SON MANDAT DE CINQ ANS