La
Commission vérité et réconciliation a entamé une session d’un mois sur les
chasses aux sorcières. Sous Yahya Jammeh, des rafles ont été menées dans des
villages contre des personnes accusées de sorcellerie. Près de 1 000 personnes
auraient ainsi été arrêtées et torturées, selon Amnesty International.
Les
victimes se souviennent des bus venus les chercher. Elles racontent aussi ces
marabouts étrangers, équipés de tambours et de miroirs censés repérer les
sorcières et sorciers. Avec la complicité des forces de l’ordre, les victimes
étaient désignées puis jetées dans un bus en direction d’un endroit gardé
secret.
Yadicon
Njie Eribo a recueilli des témoignages de femmes pour la Commission vérité : «
Ils les battaient et ils leur faisaient boire une décoction. La plupart d’entre
elles se mettaient à avoir des hallucinations après avoir bu la boisson. Pour
eux, ces hallucinations c’était la preuve que vous étiez une sorcière ».
Certaines personnes sont mortes après avoir bu cette décoction. Celles qui sont
en vie souffrent encore de séquelles, selon Yadicon Njie Eribo. « Elles ont de
nombreux problèmes de santé. Certaines qui étaient commerçantes ont perdu leur
gagne-pain, elles sont toujours désignées comme des sorcières et les gens les
évitent. Elles sont très stigmatisées. »
Selon
Amnesty International, la chasse aux sorcières lancée par ces marabouts avait
été initiée par l’ancien président Yahya Jammeh. Le dictateur, pétri de
superstitions, était en effet persuadé que sa tante était morte à cause de la
sorcellerie. L’ONG affirme que les marabouts, originaires de la Guinée voisine,
étaient accompagnés « de policiers, de militaires et d’agents des services de
renseignements », ainsi que par des « membres de la garde personnelle du
président gambien ».