Les cinq accusés dans ce procès criminel - le caporal Sanna Fadera, le sergent Gibril Darboe, le caporal Ebrima Sannoh, le caporal Omar Njie et le sous-inspecteur de police Fabakary Jawara - sont accusés de trahison, de dissimulation de trahison et d’incitation à la mutinerie.
Témoignant devant une cour bondée hier, le témoin a déclaré à la cour qu’il reconnait l’un des accusés, Fabakarry Jawara, qu’il a identifié devant la cour.
Il a informé la cour qu’au mois de novembre, un certain Mustapha est venu lui rendre visite en compagnie de Fabakarry pour lui demander de dire des prières, ajoutant que Fabakarry lui a dit de faire ‘Listiharr’ pour eux car son frère, Sana, avait l’intention de mener un coup d’état.
Mr Manjang a déclaré à la cour qu’il leur a ensuite demandé de distribuer des articles de charité, tels que des noix de cola et du cola amer.
« Plus tard, le même Fabakarry est venu avec Sana, et je leur ai dit qu’ils devaient se rendre en Mauritanie, en Casamance ou en Guinée s’ils avaient l’intention de mener un coup d’état », a déclaré le témoin.
Cependant, il a révélé qu’il s’est ensuite rendu au Sénégal pour des raisons personnelles et que, quelque temps suite à son retour, il a pris connaissance du complot de coup d’état sur les réseaux sociaux.
Mr Manjang a ajouté qu’il a été arrêté une semaine plus tard par la police. « C’était un vendredi soir. J’ai été conduit au poste de police de Brikama. J’ai été interrogé puis escorté à l’Unité de Lutte contre la Criminalité de Banjulinding. J’y ai été détenu du vendredi soir au lundi matin, date de mon transfert au quartier général de l’Agence Nationale de Renseignement (NIA), où j’ai été interrogé, puis libéré sous caution », a-t-il révélé.
En outre, le témoin a déclaré qu’il n’a reconnu que Fabakarry, mais pas Sana, ajoutant que lorsque Sanna s’est rendu chez lui, il n’y a même pas passé 20 minutes.
Lors du contre-interrogatoire mené par Maître L.S. Camara, le témoin a déclaré à la cour que depuis sa libération, il s’est présenté au siège de la police à Banjul et à la police de Brikama, notant toutefois qu’il avait oublié la dernière fois qu’il s’était présenté.
A la question quand il a rencontré Fabakarry Jawara, il a répondu qu’il a rencontré à trois reprises, mais ne pouvait nullement se souvenir des jours exacts. « Cependant, il a précisé que leur première rencontre avait eu lieu au cours d’un après-midi tandis que les deux autres rencontres avaient eu lieu durant la nuit. Il était accompagné par Mustapha Jarjue lors de sa première et deuxième visite et par Sana lors de sa troisième visite », a-t-il déclaré.
Il a indiqué qu’une déclaration, qui lui avait été lue et sur laquelle il avait plus tard apposé sa signature, avait été rédigée par la police en son nom.
La déclaration a été révélée au témoin, ce qu’il a confirmé, et a finalement été exposée et admise comme preuve.
« Je tiens à vous informer, Mr Manjang, que Fabakarry n’a jamais demandé votre coopération en vue de l’aider à mener un coup d’état » a déclaré l’avocat de la défense, Maître Camara.
« Fabakarry ne m’a jamais dit qu’il nourrissait l’ambition de mener un coup d’état. Il m’a dit que c’est Sana qui en avait l’intention », a-t-il insisté.
L’avocat de la défense a également déclaré au témoin qu’il ne pouvait nullement se souvenir des dates des visites car elles n’avaient jamais eu lieu. Le témoin a déclaré que les visites avaient bel et bien eu lieu et que ses oublis étaient dus à son esprit instable, car il est préoccupé par de nombreux problèmes et difficultés.
« Vous avez dû confondre les auteurs et le contenu de ces conversations car votre esprit était instable à ce moment précis », a déclaré l’avocat au témoin, qui a insisté sur le fait qu’il connaissait en effet l’identité des personnes avec qui il avait eu ces conversations.
Le témoin a ensuite été brièvement contre-interrogé par Maître Y. Darboe. Suite à ce contre-interrogatoire, le procès a été ensuite ajourné au 21 février 2022 à 13h00.