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Les syndicalistes réclament du gouvernement l’amélioration des conditions des travailleurs

May 3, 2024, 1:00 PM

Les syndicalistes gambiens ont demandé au gouvernement l’amélioration des conditions de travail des travailleurs, et ce, en s’attaquant aux salaires minimums et à la hausse des prix des produits de base dans le pays.

« Les prix des marchandises ont considérablement augmenté sur toute l’étendue du territoire national. Les travailleurs luttent pour survivre tandis que le gouvernement reste les bras croisés. À l’heure où nous parlons, le salaire minimum est resté au même niveau ces dix dernières années, » a déclaré Mr Kebba Masanneh Ceesay, président du Bureau Syndical de la Gambie (GAMTUB), tandis qu’Ebrima Garba Cham, secrétaire général du Congrès Syndical National de la Gambie (NTUC), a demandé au gouvernement d’intervenir et de gérer les prix fixés par les « vendeurs au détail qui détiennent le monopole des prix » dans l’économie.

Le duo s’exprimait à l’occasion de la célébration de la Journée Internationale des Travailleurs 2024, connue sous le nom de « May Day ».

Cette journée est à la fois un jour de célébration et un jour de réflexion, car elle met en lumière les luttes menées pour garantir les droits des travailleurs et les défis auxquels ces derniers sont confrontés dans le monde entier.

Cette journée sert également de forum pour réfléchir sobrement aux réalisations et aux défis de l’année écoulée et faire des projections pour l’avenir.

 Le Bureau Syndical de la Gambie (GAMTUB) est le représentant de 14 syndicats affiliés en Gambie, issus de divers secteurs du travail.

Le Bureau Syndical de la Gambie (GAMTUB) plaide pour des pratiques de travail équitables, la sécurité, la protection sociale, le dialogue social, la justice sociale, l’égalité économique et la participation à toutes les décisions qui affectent la vie des travailleurs et de leurs familles dans le contexte du travail décent. 

Mr Ceesay a affirmé que la hausse actuelle du coût des biens et des services constitue un défi important pour les sources de revenus des travailleurs, ajoutant que l’exacerbation des inégalités de revenus et des difficultés économiques ne pourrait nullement être ignorée davantage.

Le président Ceesay a appelé le gouvernement de la Gambie à mettre immédiatement en place une Commission Nationale de Révision des Salaires, et ce, en vue d’établir un salaire décent pour chaque travailleur ainsi que pour les retraités qui le méritent.

Il a également exhorté le gouvernement à procéder à une révision des salaires, et ce, afin de les adapter aux prix actuels du marché.

Selon lui, il incombe au gouvernement de prendre des mesures adéquates en  vue de contrôler l’inflation. En premier lieu, le gouvernement ne devrait en aucun cas autoriser une augmentation des impôts.

« Le gouvernement doit mettre en œuvre des mesures pour freiner l’inflation et stabiliser les prix du marché afin de préserver le pouvoir d’achat des travailleurs. Sans une telle intervention, les moyens de survie des travailleurs sont menacés. Une telle situation exacerbe les disparités économiques, l’injustice sociale et l’insécurité, » a-t-il ajouté.

Il a exhorté le Commissaire du Travail à mettre en place sans délai les divers Conseils Industriels (JIC).

Il a ajouté que la réactivation du Conseil Industriel Conjoint (JIC) est primordiale pour favoriser une concertation collective entre les employeurs gouvernementaux et les travailleurs, et ce, en vue d’une revalorisation des conditions de travail et des avantages sociaux.

Il a souligné que les travailleurs ont toujours été des partenaires du gouvernement dans tous les aspects du développement socio-économique pour la promotion de la paix et de la sécurité.

Il a également exhorté le gouvernement à inclure les travailleurs dans les commissions nationales qui sont mises en place, et ce, afin de promouvoir la transparence et la responsabilité.

Il a également demandé l’inclusion de représentants des travailleurs dans le Conseil National de Sécurité afin de s’assurer que les perspectives des travailleurs sont prises en compte dans les consultations relatives à la sécurité et à la stabilité sociale.

Concernant le sous-secteur du transport routier, il a déploré un manque total de sécurité de l’emploi pour les chauffeurs commerciaux, notant que plus de 95% des chauffeurs commerciaux en Gambie n’ont pas de contrat formel, pas de prestations de sécurité sociale, et pas de protection sociale du tout. Cela les rend très vulnérables aux pratiques déloyales des propriétaires de véhicules (employeurs).

Il a également décrit le manque de parcs commerciaux en Gambie comme l’un des défis auxquels le sous-secteur du transport routier est confronté dans tout le pays.

Il a donc appelé le gouvernement à s’assurer que les administrations locales identifient et fournissent des espaces appropriés pour les garages.

Il a également appelé le gouvernement à ratifier les conventions

Mr Ceesay a également exhorté le gouvernement à rappeler le projet de loi sur les syndicats afin de permettre aux parties prenantes d’apporter les derniers amendements et de procéder à la dernière lecture et à la validation du projet avant de le transmettre à l’Assemblée Nationale pour promulgation.

Dans la même veine, Mr Garba Cham a déclaré: « Le niveau de vie est élevé. De même que l’inflation, dont 60 %  est causée par la cupidité des entreprises ».

« Depuis 2019, les prix des marchandises ont augmenté de 18,5 %. Cette situation, à long terme, risque de créer une crise due au manque de pouvoir d’achat. La Confédération des Syndicats est très préoccupée par notre économie. L’inflation, le chômage, l’augmentation de la pauvreté, l’inégalité et d’autres variables socio-économiques clés s’aggravent. En conséquence, une large frange de la population ne peut nullement répondre aux besoins fondamentaux de la vie et nos jeunes gens meurent dans les profondeurs de l’océan (Méditerranée) et dans le désert à la recherche de pâturages plus verts, » a déclaré Mr Cham.

 « Actuellement, le déficit commercial est de 44 milliards de dalasis. Le déficit commercial est ainsi supérieur aux dépenses estimées pour 2024, qui sont de 39 milliards de dalasi, comme l’a révélé le Ministère des Finances et de l’Economie. La dette de la Gambie a augmenté pour atteindre 110 à 116 milliards de dalasis ».

 Par conséquent, nous devrions utiliser nos capacités pour construire une économie autonome et produire ce que nous consommons, plutôt que d’exporter la majorité de nos produits de base de l’étranger. Sans une économie forte, il n’y a pas de monnaie forte. Avec une économie forte, l’impact sera réduit en termes d’inflation et de déficit et nous serons un centre d’approvisionnement en chaîne dans la sous-région, » a souligné Mr Cham.

 « Le dalasi est en déclin et sa valeur déprécie de jour en jour. Cela est la source de l’instabilité économique, de la forte inflation, de faibles réserves de devises étrangères et d’un important déficit en devises étrangères avec une dépréciation annuelle significative de 9,6 % par rapport au dollar, soit 7 %. »

Puissance et faiblesse du secteur agricole

« L’agriculture est l’épine dorsale de la Gambie, qu’il s’agisse de la terre ou de la mer, y compris le sable noir. L’augmentation des recettes ne fera qu’accroître le pouvoir d’achat du gouvernement et réduira les déficits commerciaux. Si nous investissons dans l’agriculture, nous pourrons créer des emplois, bénéficier d’une éducation et de services de santé gratuits et de qualité à notre porte, nous nous industrialiserons et éradiquerons le chômage, et le secteur de l’énergie sera transformé pour fournir et créer un approvisionnement en électricité adéquat grâce à l’énergie solaire et éolienne, et lutter contre le changement climatique pour l’indépendance économique ».

Le syndicat a notamment exhorté le gouvernement à mettre en place une vigoureuse stratégie en vue de prévenir la dépréciation du dalasi, à s’attaquer au coût élevé de la vie et au manque de pouvoir d’achat, les salaires ne correspondant pas à l’indice des prix à la consommation, et à mettre en œuvre la politique relative aux petites et moyennes entreprises.