Le Président du Centre des Victimes de Violations de Droits de l’Homme de la Gambie a révélé au cours d’une interview avec ce journal que le règne de l’ancien Président Yahya Jammeh a été marqué par une multitude d’atrocités qui ont entrainé le démembrement de plusieurs familles et l’effondrement de l’économie nationale. Le règne de l’ancien Président a engendré la fragmentation et la déchirure du tissu social car les communautés locales et la société en général ont vécu un traumatisme sans précédent.
Sheriff Muhammed Kijera a fait cette déclaration suite à la discussion qui a eu lieu entre l’ancien ambassadeur adjoint de la Gambie auprès des Nations Unies sous le régime de l’ancien Président Jammeh, Samsudeen Sarr, et le Président Adama Barrow le lundi dernier.
Il a été révélé que le sujet d’un rapprochement, voire d’une réconciliation avec l’ancien Président Jammeh a été abordé lors de la discussion. Le journal The Point ne peut cependant établir avec certitude le résultat de ces discussions. ‘’ En tant que citoyen Gambien, l’ancien Président Jammeh a le droit de faire son retour dans son pays. Mais il ne peut en aucun cas revenir en tant que citoyen libre car il doit répondre des accusations de crimes contre les Droits de l’Homme perpétrés contre les Gambiens ‘’ a-t-il déclaré.
Il a ajouté que les témoignages des junglers et autres principaux auteurs de crimes contre les Droits de l’Homme devant la Commission Vérité, Réconciliation et Réparations (TRRC) ont clairement impliqué Yahya Jammeh dans la commission de ces crimes, et ce, de manière indiscutable.
‘’ Yahya Jammeh ne mérite aucunement le statut d’ancien Président, et ce, en raison de ses antécédents. L’ancien Président a été l’auteur de beaucoup de tristesse et de désolation en Gambie. Des femmes ont perdu leurs époux et des enfants sont devenus orphelins car un grand nombre de familles ont été détruites. L’économie était en état de ruine et de délabrement ‘’ a-t-il poursuivi.
‘’ Adama Barrow représente une grande déception car il a démontré un manque de conscience morale et d’équité. Il a été une déception pour tous les Gambiens car il n’aurait jamais dû accorder une audience à Samsudeen Sarr compte tenu de ses déclarations précédentes sur le gouvernement du Président Barrow et le peuple de la Gambie ‘’ a-t-il ajouté.
‘’ Samsudeen Sarr a fait tout son possible lorsqu’il exerçait ses fonctions de représentant permanent de la Gambie à l’ONU afin de discréditer la coalition gouvernementale d’Adama Barrow. Il a fait plusieurs enregistrements audio ternissant les travaux de la Commission Vérité, Réconciliation et Réparations (TRRC) ainsi que les efforts du Ministère de la Justice et du gouvernement de la Gambie visant à la mise en place d’un processus de justice transitionnelle ‘’ a-t-il souligné.
Selon Kijera, Samsudeen Sarr est l’un des bras droits de Yahya Jammeh, il est coupable de crimes contre les Droits de l’Homme car il a été dénoncé par les témoignages devant la Commission Vérité, Réconciliation et Réparations (TRRC). Par conséquent, il ne mérite aucunement de bénéficier de l’estime et du privilège d’une audience avec le Président de la République au Palais Présidentiel.
Lorsqu’il a été demandé au Directeur du Centre des Victimes son opinion sur la venue idéale pour l’organisation du procès de l’ancien Président, Kijera a déclaré que le procès de Jammeh doit se tenir dans un pays étranger pour des raisons de sécurité compte tenu de la souffrance et de la douleur qui animent certaines victimes prêtes à tout pour obtenir leur revanche. Il pense que le Ghana pourrait offrir les meilleures conditions de sécurité pour l’organisation de ce procès.