Le Groupe d’Enquête des Nations Unies sur les Disparitions Forcées recommande des poursuites judiciaires pour les crimes commis lors de la période de règne de Yahya Jammeh ainsi que l’ouverture d’une nouvelle enquête internationale sur le massacre en 2005 de plus de 50 migrants Ouest Africains. Les recommandations des Nations Unies pour l’ouverture sans délai d’une enquête et de poursuites judiciaires concernant tous les cas de disparitions forcées sont un signe positif, d’après une déclaration conjointe de 17 groupes de défense des droits de l’Homme qui ont mené campagne pour le triomphe de la justice en Gambie.
‘’ Le processus ne doit aucunement se limiter à la recherché de la vérité. Les responsables de crimes doivent être traduits en justice ‘’ selon le rapport du Groupe d’Enquête sur les Disparitions Forcées ou Involontaires. Ce rapport présenté lors d’une récente réunion du Conseil des Droits de l’homme est un signe important du soutien de la communauté internationale pour le triomphe de la justice en Gambie. Le rapport met non seulement en exergue l’importance du travail accompli par la Commission Réconciliation, Vérité et Réparations, mais également le besoin urgent de poursuites judiciaires contre les responsables et auteurs de crimes perpétrés sous le règne de l’ancien Président Jammeh.
Le communiqué du Groupe d’Enquête des Nations Unies sur les Disparitions Forcées ou Involontaires a été prononcée à la suite de la déclaration du Procureur de la Cour Pénale Internationale, Karim Khan, qui a également prôné l’ouverture de poursuites judiciaires contre les auteurs de crimes commis durant le règne de l’ancien Président Jammeh.
‘’ De la Cour Pénale Internationale aux Nations Unies, le monde s’est exprimé d’une seule voix: justice doit être et sera rendue pour les crimes commis sous l’administration de l’ancien Président Jammeh ‘’ a déclaré Fatoumatta Sandeng, porte-parole de la campagne #Jammeh2Justice, et fille du leader de l’opposition, Solo Sandeng, arrêté et tué en détention en 2016. ‘’ L’octroi de l’amnistie et la perpétuation du cycle de l’impunité ne sont absolument pas des options valables ou acceptables ‘’
Ces recommandations sont révélées au public à une période cruciale où la publication du rapport final de la Commission Vérité, Réconciliation et Réparations est attendue, et ce, après plusieurs ajournements. La situation politique du pays a également soulevé des inquiétudes selon lesquelles les appels à la justice de la Commission pourraient être balayés sous le tapis.
Dans le rapport, l’organe des Nations Unies a salué et applaudi l’œuvre immense accompli par la Commission Vérité, Réconciliation et Réparations au cours de deux ans de travaux publics et a mis en exergue l’importance pour la Gambie de poursuivre les efforts destinés à permettre aux victimes des crimes commis sous le règne de l’ancien Président Jammeh d’avoir accès à la justice et à des réparations pour les séquelles morales et physiques subies. Le rapport fait des propositions concrètes pour les étapes suivantes, notamment l’ouverture d’enquêtes criminelles sur les grosses violations des droits de l’Homme telles que les disparitions forcées, qui ont été révélées au grand jour lors des travaux publiques de la Commission Vérité, Réconciliation et Réparations. Le rapport prône également l’établissement de tribunaux spéciaux hybrides en vue de traduire en justice les responsables de ces grosses violations contre les droits de l’Homme.
Le Groupe d’Enquête sur Les Disparitions Forcées ou Involontaires s’intéresse spécifiquement au massacre de plus de 50 migrants Ouest-Africains en 2005. ‘’ Compte tenu de la confirmation de l’implication de l’état de la Gambie dans les meurtres et disparitions forcées des migrants Ouest-Africains en Juillet 2005 ‘’ lors des audiences publiques de la Commission Vérité, Réconciliation et Réparations, le Groupe d’Enquête sur Les Disparitions Forcées ou Involontaires confirme son adhésion à ‘’ l’établissement d’une commission d’enquête internationale sur ce dossier. ’’
‘’ Nous saluons l’appel des Nations Unies pour l’établissement d’une commission sur le sort de ces migrants disparus ‘’ a déclaré Emeline Escafit, la conseillère juridique de TRIAL International. Une coalition de 11 organisations de droits de l’Homme avait lancé un appel pour l’ouverture d’une enquête en Juillet 2020.
Le Groupe d’Enquête sur Les Disparitions Forcées ou Involontaires, par le biais de ce rapport, a lancé ainsi un signal fort et probant que la communauté internationale est soucieuse de l’avènement de la justice pour que les auteurs de crimes graves perpétrés en Gambie soient traduits en justice. Le Groupe d’Enquête veillera également à ce que l’œuvre immense de la Commission Vérité, Réconciliation et Réparations ne soit pas mise à l’écart mais prône plutôt l’accès à la justice et à des indemnisations pour les victimes suite aux injustices et exactions subies dans le passé.