Les autorités sanitaires de plusieurs pays se réunissent dans le cadre de l’examen de la gestion de la crise par l’OMS et des tensions entre les États-Unis et la Chine.
Les envoyés de 194 États membres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) auront une réunion virtuelle lundi et mardi pour la 73e assemblée de l’organe des Nations unies.
La pandémie de coronavirus sera au centre de l’ordre du jour.
Des questions seront soulevées sur la manière dont l’OMS et ses membres ont géré la propagation du virus, qui a tué plus de 300 000 personnes dans le monde.
Plus de 4,5 millions de personnes ont été infectées depuis son apparition en Chine en décembre. La réunion a lieu au milieu des récriminations entre la Chine et les États-Unis au sujet du virus.
Chaque année, les pays se réunissent à l’Assemblée mondiale de la santé pour examiner le travail de l’agence spécialisée en santé des Nations unies et fixer ses priorités pour l’année à venir.
L’Union européenne (UE) devrait prendre la tête d’un appel international, aux côtés de pays tels que le Royaume-Uni, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, en faveur d’une enquête sur la manière dont la pandémie mondiale a été gérée et sur les leçons à en tirer.
La porte-parole de l’UE, Virginie Battu-Henriksson, a déclaré qu’il fallait répondre à plusieurs questions clés dans le cadre de toute enquête.
“Comment cette pandémie s’est-elle propagée ? Quelle est l’épidémiologie qui la sous-tend ? Tout cela est absolument crucial pour nous permettre d’éviter une autre pandémie de ce type”.
Mais, a-t-elle dit, ce n’est pas le moment d’entrer dans “une sorte de jeu des reproches”.
L’Organisation mondiale de la santé va probablement subir de fortes pressions pour sa gestion de la pandémie.
“L’Assemblée mondiale de la santé est toujours le lieu d’examiner l’action [de l’OMS]”, a déclaré le Dr Margaret Harris, porte-parole de l’Oms.
Mais elle a ajouté que l’organisation resterait concentrée sur la cible priorité qu’est le Covid-19 et s’efforcerait de diriger la réponse globale, la science et les solutions à cette pandémie.
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Image caption Le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a fait l’objet de critiques concernant la gestion de la pandémie par l’agence
Lutte géopolitique
L’OMS est censée représenter les intérêts de tous ses États membres de manière égale, mais elle s’est trouvée au centre d’une bataille politique entre la Chine et les États-Unis.
Cette bataille a culminé le mois dernier lorsque les États-Unis - le plus grand donateur de l’OMS - ont retiré leur financement à l’agence après que le président Trump l’ait accusée de mal gérer et de dissimuler la propagation du virus en Chine.
L’agence des Nations unies est un organe consultatif et n’a pas le pouvoir d’imposer ou de contraindre les pays à partager leurs informations.
L’assemblée devrait également entendre des appels à donner plus de pouvoirs à l’OMS, ce qui permettrait aux inspecteurs de se rendre dans les pays au début des épidémies, et de mener des enquêtes indépendantes.
L’OMS a bien envoyé une équipe de scientifiques en Chine en janvier et février, mais il s’agissait d’une mission conjointe avec des responsables chinois.
Devi Sridhar, professeur de santé publique mondiale à l’université d’Édimbourg, a déclaré : “L’OMS a envoyé une équipe de scientifiques en Chine en janvier et février, mais il s’agissait d’une mission conjointe avec des responsables chinois : “Le grand défi des épidémies est qu’aucun pays ne veut en avoir une.”
“Chaque pays veut nier qu’il y en a, et chaque pays veut réduire le nombre de décès”.
Les pays sont actuellement tenus de notifier à l’OMS les maladies émergentes dans leur pays dans le cadre du Règlement sanitaire international. Les pouvoirs proposés iraient plus loin.
“Si l’OMS peut envoyer une mission technique internationale dont le travail n’est pas de blâmer ou de pointer du doigt, mais bien d’identifier l’origine d’une épidémie, et de fournir aux autres pays les meilleurs conseils qui pourraient être un moyen positif de prévenir les épidémies”, a conclut le professeur Sridhar.