L'Association du Barreau de la Gambie (GBA) et l'Association des Avocates (FLAG) sont attristées d'apprendre le décès prématuré de 69 enfants gambiens suite à des lésions rénales aiguës liées à la consommation de médicaments importés d'une société indienne, Maiden Pharmaceutical Limited (Haryana, Inde). Selon le rapport d'alerte de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en date du 5 octobre 2022, les médicaments identifiés sont la solution orale de prométhazine, le sirop contre la toux Kofexmalin Baby, le sirop contre la toux Makoff Baby et le sirop contre la toux Magrip N Cough Syrup (les produits médicaux).
Le rapport de laboratoire des échantillons confirme en outre que les produits médicinaux susmentionnés contenaient des quantités élevées inacceptables de diéthylène glycol et d'éthylène glycol. La consommation de diéthylène glycol et d'éthylène glycol est toxique pour l'Homme et peut s'avérer mortelle. Selon l'OMS, les quatre produits médicinaux mentionnés dans l'alerte sont « dangereux, et leur utilisation, en particulier chez les enfants, peut entraîner des blessures graves ou la mort ». Le Ministère de la Santé (MOH) a confirmé que lesdits médicaments ont été importés dans le pays et a pris des mesures en vue de procéder à leur retrait du marché et des foyers du pays.
L'importation de produits pharmaceutiques en Gambie est réglementée et administrée par l'Agence de Contrôle des Médicaments (MCA), conformément à la Loi de 2014 sur les Médicaments et les Produits adhérents. La responsabilité principale de l'Agence de Contrôle des Médicaments (MCA) en vertu de cette loi est de réglementer la qualité et la sécurité des médicaments et des produits adhérents.
L’Association du Barreau de la Gambie (GBA) et l’Association des Avocates (FLAG sont) gravement préoccupées par le fait que des médicaments pédiatriques contaminés ont été importés dans le pays par un fabricant dont la réputation et la crédibilité, selon des documents publics largement disponibles, sont douteuses. Nous sommes convaincus qu'il est de la responsabilité de l'organisme chargé de la réglementation de l'industrie pharmaceutique de garantir que la qualité et le niveau des médicaments importés dans le pays sont convenables pour la consommation humaine.
La population générale a le droit de savoir comment des produits aussi dangereux/contaminés et nuisibles ont été autorisés dans le pays et administrés à des enfants.
L’Association du Barreau de la Gambie (GBA) et l’Association des Avocates (FLAG) demandent au gouvernement (en tant que responsable) de prendre ses responsabilités en tant que premier garant de la santé publique en vue d'enquêter sur ce tragique incident et de s'assurer ensuite que les mesures appropriées sont prises pour que les coupables soient tenus responsables. Nous recommandons la mise en place d'une enquête indépendante avec de multiples partenaires et experts, dont la Commission Nationale des Droits de l'Homme, en vue de fournir des réponses au public et aux familles endeuillées suite aux décès vraisemblablement liés à l'importation et à la consommation de médicaments non conformes aux normes. L'enquête devrait faire la lumière sur les questions suivantes d'intérêt public :
- a) Comment les médicaments de qualité inférieure fabriqués par Maiden Pharmaceutical ont-ils été importés et distribués dans le pays ?
- b) Le rôle du Ministère de la Santé, de l'Agence de Contrôle des Médicaments, et du Conseil de la Pharmacie dans l'importation des médicaments non conformes en Gambie ?
- c) L'Agence de Contrôle des Médicaments est-elle dotée des compétences, capacités et moyens nécessaires, et ce, en vue d’assurer la qualité et la sécurité des médicaments importés dans le pays ? Si ce n'est pas le cas, quelles mesures le gouvernement prend-il en vue du rehaussement des compétences et capacités de l'Agence ?
- d) Quelles mesures le gouvernement prendra-t-il pour réexaminer le régime des licences d'importation, le cadre réglementaire et son efficacité pour assurer le contrôle de la qualité et la détection précoce des médicaments non conformes aux normes avant leur entrée dans le pays ?
- e) Quels sont les mesures mises en place pour éviter que des incidents tels que la mort des 69 enfants ne se reproduisent? Pour s'assurer que la ou les personnes/entité(s) responsable(s) de l'importation et de la distribution de médicaments non conformes aux normes soient tenus pour responsables.
L’Association du Barreau de la Gambie (GBA) et l’Association des Avocates (FLAG) demandent au gouvernement de la Gambie la prise immédiate des mesures suivantes :
- Des poursuites vigoureuses contre le fabricant indien, Maiden Pharmaceutical Ltd, en utilisant ses liens bilatéraux avec notre république sœur de l'Inde, afin de s'assurer que les fabricants sont tenus pour responsables, et que les victimes soient indemnisées de manière adéquate.
- Tenir pour coupable toute partie ou autorité complice de l'importation, de la vente, et de la distribution de médicaments non conformes aux normes responsables de la mort de 69 enfants gambiens.
- Ne négliger aucune piste pour s'assurer que justice soit rendue aux victimes de cette parodie, et ce, en engageant des poursuites judiciaires contre les personnes et les institutions responsables de l'importation et de la distribution des médicaments non conformes aux normes.
L’Association du Barreau de la Gambie (GBA) et l’Association des Avocates (FLAG) sont solidaires des familles endeuillées, demandent justice et que la culpabilité des responsables soient déterminée. L’Association du Barreau de la Gambie (GBA) et l’Association des Avocates (FLAG) sont disponibles pour soutenir le gouvernement dans sa quête en vue de garantir la justice, de déterminer les responsabilités pénales et de sauvegarder les intérêts des Gambiens.
L’Association du Barreau de la Gambie (GBA) et l’Association des Avocates (FLAG présentent leurs sincères condoléances aux familles endeuillées. Nous nous joignons à toute la population pour pleurer la perte de ces vies innocentes.
SALIEU TAAL,
PRESIDENT DE L’ASSOCIATION DU BARREAU DE LA GAMBIE (GBA)
ANNA A.B. NJIE,
PRESIDENTE DE L’ASSOCIATION DES AVOCATES (FLAG)