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Jammeh a le droit de rentrer en Gambie, mais il devra faire face aux conséquences juridiques des conclusions de la Commission Vérité, Réconciliation et Réparations (CVVR), selon le Dr Ceesay

Oct 30, 2025, 1:26 PM

Un brusque rappel que la justice doit prévaloir en Gambie : Le Ministre de l’Information, des Medias et des Services de Diffusion de la Gambie, Dr. Ismaila Ceesay, a déclaré que bien que l’ancien Président Jammeh est libre en tant que citoyen de retourner dans son pays natal, les conclusions de la Commission Vérité, Réconciliation et Réparations (CVRR) ne pourront cependant l’empêcher de faire face à des répercussions juridiques.
Le Ministre de l’Information s’adressait  à ce medium hier suite à la récente annonce par l’ancien Président Jammeh de son retour prochain en Gambie. Dr Ceesay a été très clair dans le fait que le gouvernement n’est aucunement impliqué dans la décision de l’ancien Président et n’opposera aucune interférence au processus juridique auquel il devra faire face lors de son retour.
« Il est indiscutable que l’ancien Président est libre de faire son retour, » a déclaré Dr Ceesay. « Mais à son retour, il devra se soumettre aux conséquences juridiques  des conclusions des travaux de la Commission Vérité, Réconciliation et Réparations (CVRR). Le gouvernement ne s’y opposera nullement. Le gouvernement n’a joué aucun rôle dans la prise de décision de Jammeh. »
Le ministre a fait ces remarques quelques heures après que jammeh, qui vit en exil en Guinée-Equatorial depuis 2017, a déclaré dans un message audio sur la plateforme WhatsApp qu’il nourrit le désir de faire son retour en Gambie au mois de Novembre prochain. Le message, diffusé dans sa ville natale de Kanilai devant des supporters de l’Alliance pour la Réorientation et la Construction Patriotiques (APRC) ivres de bonheur, a inondé les réseaux sociaux.
« La Gambie me manque, et je sais que je vous manque également. Je veux faire mon retour sur ma terre natale et y vivre paisiblement, dans la quiétude, » a déclaré jammeh au cours de l’enregistrement audio, promettant que les détails de son voyage retour seraient bientôt annoncés par le comité exécutif de l’Alliance pour la Réorientation et la Construction Patriotiques (APRC).
L’annonce du retour de Jammeh a ravivé le débat sur la justice, la responsabilisation, et la réconciliation suite au règne dictatorial de l’ancien Président.
En Juillet 2022, la Commission Vérité, Réconciliation et Réparations (CVRR) a recommandé des poursuites judiciaires contre Jammeh et plusieurs de ses proches associés pour des violations graves de droits de l’Homme, notamment pour les meurtres, les tortures, les viols et les disparitions forcées commis lors des 22 ans de règne de l’ancien dictateur.
En outre, la Commission Janneh, qui enquête séparément sur les transactions financières de l’ancien Président, a découvert que jammeh avait illégitimement amassé une fortune de plus d’un milliard de dollars, et ce, grâce à un réseau de corruption et à des activités minières et d’exploitation de bois illégales. Les enquêtes ont révélé qu’il possédait plus de 300 domaines fonciers, quatre avions, et de nombreux comptes bancaires comptant plusieurs millions de dalasis.
Ces révélations dévoilent un tableau sombre montrant un abus systématique du pouvoir et une corruption à grande échelle qui ont ravagé les institutions nationales et détruit l’économie.
Depuis son départ en janvier 2017, Jammeh est devenu un symbole de division. Tandis que certains de ses loyalistes le considèrent comme étant un leader charismatique contraint à l’exil, les victimes de son régime et les défenseurs des droits de l’Homme insistent que l’ancien dictateur doit faire face à la justice à son retour.
La déclaration de Dr Ceesay réitère la promesse du gouvernement qu’aucun compromis politique ne sera toléré dans le cas de l’ancien Président. Son retour, le ministre a soutenu, doit se faire conformément à l’état de droit et aux recommandations de la Commission Vérité, Réconciliation et Réparations (CVRR).
Les observateurs disent que l’annonce de Jammeh pourrait constituer un test pour la maturité démocratique et l’engagement pour la réconciliation et la justice en Gambie. L’héritage de la Commission Vérité, Réconciliation et Réparations (CVRR) demeure un point central de la transition de l’ère après Jammeh, et toute démarche entreprise en vue de dénaturer ses recommandations pourrait rouvrir d’anciennes blessures.