Apres deux ans d’investigations sur les crimes commis par l’ancien Président Jammeh et ses hommes de main, le Conseiller Principal de la Commission Vérité, Réconciliation et Réparations a révélé que 220 à 250 meurtres avaient été perpétrés dans le pays lors du règne de l’ancien Président. Il a ajouté que la justice doit être rendue à la satisfaction de tout le monde.
Il a confirmé le meurtre de 11 personnes le 11 Novembre 1994, de 14 personnes le 10 Avril 2000 ainsi que de 5 membres de la famille de Jammeh.
Il a ajouté que Daba Marena et ses collègues ont été tués. 67 migrants ouest-africains ont également été tués. 41 autres personnes ont été victimes de chasse aux sorcières ainsi que du Programme de Traitement Alternatif de l’ancien Président.
Essa Keita a soumis une liste de huit personnes tuées à Kanilai à la Commission.
Koro Ceesay, Deyda Hydara, Baba Jobe, Ndogo Mboob, Saul Ndow, Almamo Manneh, Amadou Dumbuya, Dawda Nyassi, Mustapha Colley, Ello Jallow, Mariama Camara et son époux Alpha Jallow, Mamud Ceesay, Ebou Jobe and Yahya Drammeh ont tous été tués.
Mr Faal a souligné que Jammeh procédait régulièrement à des enlèvements et kidnappings car les disparitions forcées étaient son modus operandi. Buba Yarbo, Abdoulie Ann, Babai Sanyang, Chief Ebrima Manneh, Omar Hydara, Seedy Sanneh, Momodou Jobe, and Kanjiba ont tous disparu sans laisser de traces
‘’ Il peut y avoir des démentis, mais ces chiffres attestent de la vérité. Vous pouvez le nier autant que vous voulez, mais les faits sont réels. La justice doit suivre son cours. Nous prions tous pour la réconciliation. Cela est fondamental mais il faut que justice soit d’abord rendue aux victimes. La dictature, le maintien au pouvoir et la corruption sont une recette qui mène toujours au désastre. Nous devons mettre en place un état de droit régie par des institutions fortes, démocratiques, et ce, afin de nous libérer de tous ces maux. Nous allons semer les graines d’un désastre futur si nous ne corrigeons pas les mauvais comportements du passé ‘’ a déclaré le Conseiller Principal Faal dans son discours de clôture après des années d’audiences publiques devant la Commission Vérité, Réconciliation et Réparations (TRRC).
Faal a déclaré qu’il s’est rendu compte lors de ces audiences publiques que la Commission était confrontée à une période noire de notre histoire, un monstre à plusieurs têtes. Il a poursuivi son récit pour dire qu’un groupe de soldats a pris la démocratie en otage et procédé à la suspension de la constitution en 1994. Ces soldats nous ont fait croire qu’ils avaient confisqué le pouvoir dans le but de venir à la rescousse du pays en mettant fin au règne de la corruption rampante, du népotisme, de l’impunité, et ce, à travers l’instauration de la transparence et de la bonne gouvernance. La majorité du peuple Gambien a fermement cru en ses promesses due à la lassitude et à la frustration suscitées par la lenteur du processus de développement.
‘’ La démocratie dans notre pays était dans un ordre parfait. La fonction publique était l’une des meilleures du monde. Le pays jouissait d’une réputation sans faille en matière de respect des droits de l’Homme, faisant ainsi la fierté de tous les Gambiens de par le monde. Mais nous avons sacrifié tout ces acquis au profit d’une dictature militaire. Nos leaders politiques ont été humiliés, entassés dans des camions et emprisonnés dans des casernes militaires. Ils ont attaqué et agressé d’honnêtes citoyens en plein jour sur nos routes juste dans le but de faire une démonstration de force. Des citoyens ont été victimes d’embuscade alors qu’ils étaient dans leurs véhicules. Les responsables de toutes ces infractions ont reconnu leurs crimes lors des audiences publiques de la Commission. Le dictateur a régné d’une main de fer sur la population Gambienne et a arbitrairement jeté en prison les hauts responsables des services de sécurité. Nous avons ainsi découvert que dans la nuit du 6 Septembre, les officiers supérieurs de l’armée ont été maltraités et brutalement torturés.
Comme si cela ne suffisait pas, dans la même nuit de Septembre, selon l’avocat de renom, le dictateur a ordonné l’arrestation et la torture des leaders de partis politiques à la prison centrale de Mile II. Le Conseiller Juridique poursuit son récit pour dire que ces violations des droits de l’Homme n’étaient que les symptômes d’un mal profond qui prenait racine car 11 soldats ont été exécutés de sang-froid le 11 Novembre, et ce, afin de permettre à Jammeh de consolider son emprise sur le pouvoir d’état.
Accablé par l’émotion, Le Conseiller Juridique Faal a réitéré que Koro Ceesay a également été réduit au silence éternel. Jammeh a entrepris une campagne d’intimidation et de harcèlement contre la presse dans l’unique but de consolider et de renforcer son emprise sur le pouvoir d’état.
‘’ Des membres de la communauté de la presse ont été arrêtés et incarcérés. Certains ont même été contraints de partir en exil. Nous avons encore en mémoire le massacre de 14 personnes, dont 12 étudiants, les 10 et 11 Avril à l’avenue Kairaba sous les ordres de Jammeh. Nous avons découvert que les instructions avaient été transmises par Jammeh à l’ancienne Vice-Présidente Njie Saidy alors qu’il effectuait un voyage officiel à Cuba.
Un concours de beauté et un réseau d’exploitation de filles ont été mis en place. Nos jeunes sœurs Gambiennes ont été ainsi l’objet d’humiliations et d’abus sexuels dans l’objectif de subjuguer la population Gambienne et de maintenir le complexe de supériorité de l’ancien Président. Nous avons découvert que des institutions ont été créées en vue d’installer ou de consolider le régime dictatorial de l’ancien Président. Nous avons également découvert que le système judiciaire vaquait sur la corruption en vue de servir les intérêts personnels de l’ancien Président. ‘’
‘’ La contestation politique était systématiquement supprimée. Il était donc possible pour Jammeh d’obtenir aisément, et ce à maintes reprises, sa réélection car il manipulait les lois à sa guise pour se maintenir au pouvoir. Pour cette raison, il a proclamé avec audace, arrogance et mépris qu’il présiderait aux destinées du pays pour une période inconcevable d’un milliard d’années. ’’